Dominic Parent en est tout à fait conscient: l'entreprise qu'il dirige n'est pas sexy. La buanderie fondée par son père en 1967 à Québec est spécialisée dans l'hôtellerie. Elle peut doubler son chiffre d'affaires pendant la saison touristique, entre les mois de mai et août, à condition d'avoir la main-d'oeuvre nécessaire.

«Les jeunes ne sont pas intéressés, dit le président de Paranet. Ils aiment mieux travailler chez Provi-Soir au salaire minimum avec le climatiseur que chez nous à la chaleur.»

 

Paranet offre un salaire de départ de 11$ l'heure et des horaires de jour et de soir avec l'obligation de travailler une fin de semaine sur deux.

Ça fait des années que Paranet cherche des solutions à ses problèmes de recrutement. L'entreprise a amélioré les conditions de travail à l'intérieur de la buanderie, favorisé la conciliation travail-famille, introduit les massages sur chaise.

M. Parent a aussi cherché des employés du côté de Charlevoix, où le taux de chômage est beaucoup plus élevé que celui de la Vieille Capitale. «On était prêt à fournir le transport (entre Baie-Saint-Paul et Québec)», raconte-t-il. Une fois sur place, il a vu des affiches «Nous embauchons» un peu partout, et il a renoncé à son projet.

Pour la troisième année, Paranet a recruté des travailleurs du Guatemala, une cinquantaine de personnes qui lui permettent de passer à travers son pic estival.

Présents depuis longtemps dans les champs pour les semailles et la récolte, les travailleurs saisonniers étrangers font maintenant leur entrée dans les usines du Québec.

Industries Lassonde de Rougemont en emploie depuis deux ans entre 25 et 35, des Guatelmatèques eux aussi. Le nombre de ces travailleurs saisonniers étrangers a presque doublé depuis 2007.

Il faut être décidé pour faire appel à ce type de main-d'oeuvre. «L'employeur doit faire la démonstration qu'il ne peut pas combler les postes disponibles ici», explique Geneviève Hinse, la porte-parole de la ministre de l'Immigration et des communautés culturelles.

Un avis commun des gouvernements fédéral et provincial doit être obtenu pour avoir le Certificat d'acceptation du Québec (CAQ), qui donne le droit à l'étranger de travailler. «C'est une procédure très encadrée», résume la porte-parole de la ministre.

«Ce n'est pas léger, léger, confirme Michel Simard, adjoint au chef de la direction d'Industries Lassonde. Disons que c'est plus compliqué que d'embaucher quelqu'un ici.»

Les employeurs doivent aussi s'occuper de loger, nourrir et divertir cette main-d'oeuvre complètement dépendante d'eux pendant la durée de leur séjour.

«Ce n'est pas une palette de marchandises qu'on va chercher à l'aéroport», dit Dominic Parent. Paranet loge ses employés saisonniers dans les résidences d'un cégep et les transporte à la buanderie en minibus, en plus de les emmener faire leurs courses.

En retour, les employeurs profitent de travailleurs dévoués, qui sont là pour travailler et qui ne refusent jamais les heures supplémentaires.

«Ils sont là pour travailler et gagner le plus d'argent possible pendant le temps qu'ils passent ici, résume Dominic Parent. Ils font exactement la même chose que les gens d'ici qui vont travailler à la Baie-James.»