Le PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia, estime que l'incertitude économique mondiale, notamment en Europe, ne se corrigera pas de sitôt.

«Je crois que le processus en Europe, peut-être en Chine et surtout aux États-Unis demandera du temps, au moins un an, 18 mois. Nous sommes dans une période turbulente», a déclaré M. Sabia, en marge d'une conférence devant les membres du Cercle canadien de Montréal.

Selon M. Sabia, les autorités ont fait un premier pas nécessaire «pour contenir la débâcle financière de la Grèce et empêcher la contagion», mais ce n'est pas suffisant.

Les difficultés de la Grèce, estime-t-il, ont démontré que certaines des banques européennes demeuraient fragiles et qu'il faudra les renforcer, d'autant plus si la Grèce restructure sa dette.

Portugal, Espagne et Chine

Le Portugal et l'Espagne se trouvent également dans une «situation financière périlleuse», dit le gestionnaire. «Ces deux pays ont annoncé des mesures d'austérité pour assainir leur bilan financier et c'est le signal qu'il fallait envoyer. C'est loin d'être certain que ce sera suffisant et il est donc probable que la faiblesse de l'euro perdure pendant un certain temps», a-t-il déclaré durant son allocution.

Michael Sabia a également parlé de «l'énorme déficit public» des États-Unis, pays qui doit se servir des exportations comme moteur de croissance.

La Chine est l'autre pays qui préoccupe le gestionnaire. Selon lui, la Chine doit augmenter la valeur de sa monnaie «sans freiner trop brusquement les exportations». De plus, ce pays a besoin d'une augmentation de sa demande intérieure.

Des occasions pour la Caisse

Michael Sabia reconnaît que la Caisse est touchée par les turbulences mondiales, mais, dans un horizon à long terme, il estime que l'institution tirera partie de ces changements fondamentaux.

Des pays dynamiques comme la Chine, l'Inde, le Brésil ou la Turquie auront besoin de très nombreuses infrastructures pour soutenir leur croissance, dit-il.

«Les infrastructures, c'est un secteur que la Caisse connaît bien. Et qui dit infrastructures dit aussi matières premières. L'explosion de la demande pour les matières premières est là pour durer. C'est un autre domaine que nous connaissons bien», a dit M. Sabia, qui parle d'occasions d'investissement exceptionnelles.

L'ex-patron de BCE et du CN est revenu sur les problèmes passés de la Caisse, soutenant que l'institution en a tiré des leçons. «Le temps est maintenant venu de nous tourner vers l'avenir», a-t-il dit.

À ce sujet, il a rappelé les nouveaux défis stratégiques que s'est donnés la Caisse. L'institution veut mieux collaborer avec les déposants, exercer pleinement son leadership économique au Québec et renforcer sa gestion des risques, notamment. «Nous voulons que nos gens gèrent l'argent des déposants comme si c'était le leur», a dit M. Sabia.

La rémunération des hauts dirigeants de l'institution a d'ailleurs été adaptée en ce sens, dit-il. Une portion de leur rémunération incitative sera donc investie dans un portefeuille qui aura les mêmes rendements que la Caisse dans son ensemble.