Pendant 135 ans, le Club Saint-Denis a constitué la contrepartie francophone des gentlemen's clubs de l'ouest de la ville. En s'inspirant toutefois du même modèle britannique de lieu cossu et discret, réservé à l'élite (mâle) de la bourgeoisie d'affaires.

L'été dernier, le Saint-Denis a décidé de mettre fin à ses activités. Les raisons: augmentation générale des coûts, baisse du nombre de membres et de la fréquentation des quelque 300 membres restants, impossibilité de financer la mise à niveau de l'immeuble de la rue Sherbrooke (coin Laval), qui sera finalement vendu.

 

Comme l'avait alors indiqué La Presse Affaires, le Club Saint-Denis étudiait déjà la possibilité de déménager dans le centre-ville, plus près des «affaires». Depuis, la volonté s'est précisée, tant dans son approche conceptuelle que dans son articulation commerciale, si on peut s'exprimer ainsi.

«Nous travaillons à créer un concept qui soit moins austère, moins feutré, plus dynamique», dit Martin Roy, conseiller en placement et président du comité de relance du Club Saint-Denis. En d'autres mots, l'idée est de «mettre plus de vie à l'intérieur».

Autre décalage majeur par rapport au club traditionnel: le «nouveau» Saint-Denis n'aurait plus nécessairement ses propres cuisines ni son propre chef, mais n'en continuerait pas moins d'offrir à ses membres une table de qualité qui, sauf en quelques périodes sombres, a toujours fait l'orgueil du Club.

Comment? En établissant les nouveaux quartiers du club dans le même immeuble - ou dans un bâtiment adjacent - que le restaurant d'un «chef reconnu». Qui ajouterait à sa clientèle régulière les membres du Saint-Denis, réunis tout à côté mais dans leurs propres salons privés. M. Roy confirme que «des approches ont été faites», sans préciser toutefois auprès de quels établissements «reconnus».

Mais quels que soient le lieu et l'approche retenus, le défi reste d'«assurer la pérennité» du Club Saint-Denis, une vieille institution canadienne-française, en proposant un concept qui attire une clientèle nouvelle tout en respectant les volontés de l'ancienne.

Toute formule respectera par ailleurs l'essence même des clubs privés qui réside dans leur caractère exclusif. «Il le faut», soutient Martin Roy, qui se dit confiant de «créer un concept pour assurer la pérennité» du Club.

Entre-temps, le Saint-Denis est «hébergé» à l'hôtel Reine Elizabeth où, dit-on, «l'amicale» se réunit chaque semaine. En réserve de la République au Beaver Club...