Le procès au criminel des cinq principaux complices présumés de Vincent Lacroix, le chef fraudeur aux fonds Norbourg, amorce sa dernière phase aujourd'hui au palais de justice de Montréal.

Il s'agira des plaidoiries de fin de procès devant jury de la part des procureurs de la Couronne ainsi que des avocats de chacun des cinq coaccusés.

Ces plaidoiries, qui dureront plusieurs heures mais qui seront étalées en quelques jours, marquent le retour d'une pause des Fêtes depuis le 10 décembre, après plusieurs semaines de présentation de preuves et de témoins par la poursuite et la défense.

Cette pause au procès Norbourg avait été décidée par le juge Richard Wagner, de la Cour supérieure du Québec, à la demande des 12 jurés qui ne souhaitaient pas entamer leurs délibérations de verdict sous la contrainte du temps des Fêtes.

Par conséquent, ces délibérations du jury pourraient commencer à la fin de cette semaine ou au début de la semaine prochaine, après les plaidoiries finales des avocats ainsi que les instructions spéciales de la part du juge Wagner.

Ces exposés s'annoncent particulièrement importants pour le jury à ce procès au criminel de l'une des pires fraudes financières de l'histoire du Québec: 115 millions de dollars détournés, 9200 investisseurs touchés.

Au moment de l'ajournement des Fêtes, les 12 jurés avaient siégé durant 10 semaines de présentation d'une preuve volumineuse et parfois très pointue, en comptabilité et en droit des affaires.

Une quarantaine de témoins et des centaines de documents ont été introduits en preuve par la Couronne et par la défense.

D'ailleurs, un important dispositif informatique avec de grands écrans de visualisation a été installé dans la salle d'audience 405 du palais de justice de Montréal afin de faciliter la présentation de la preuve documentaire devant le jury et les quelques personnes dans l'assistance.

Il s'agit surtout de journalistes et de représentants de firmes d'avocats ayant des clients intéressés aux suites de la fraude des fonds Norbourg, entre autres, des sociétés et des organismes comme l'Autorité des marchés financiers (AMF) qui sont ciblés par le recours collectif en responsabilité intenté par des victimes des fonds Norbourg.

Ce recours collectif en est encore aux étapes de planification et de présentation de preuves des nombreux avocats des parties en cause. Le procès au civil est attendu plus tard cette année, probablement à la fin de l'été.

Entre-temps, au procès au criminel des complices présumés de Vincent Lacroix, on s'attend à ce que la plaidoirie de clôture de la Couronne tente de reconstituer devant le jury le fil des activités reprochées aux cinq coaccusés durant les quelques années antérieures à la perquisition de police chez Norbourg, en août 2005.

Du côté des avocats des coaccusés, on prévoit qu'ils tenteront de convaincre le jury que leurs clients auraient été impliqués à leur insu dans la fraude des fonds Norbourg.

Même qu'ils auraient été victimes des mensonges élaborés par Vincent Lacroix et d'autres associés proches qui ont pu échapper à des accusations criminelles en devenant délateurs de police.

Il s'agit notamment d'Éric Asselin, ancien inspecteur de l'AMF embauché comme chef financier chez Norbourg, ainsi que de David Simoneau, jeune cousin de Vincent Lacroix embauché par ce dernier comme aide-comptable en dépit de son absence de formation ou d'expérience.

Vincent Lacroix, faut-il le rappeler, purge une peine de 13 ans de prison après avoir plaidé coupable en septembre dernier à 200 chefs d'accusation, au lieu d'avoir un procès commun avec ses cinq présumés complices.

Ce groupe comprend Serge Beugré, 44 ans, ex-directeur général de Norbourg, Jean Cholette, 46 ans, qui tenait des livres comptables de Vincent Lacroix, et Félicien Souka, informaticien principal chez Norbourg.

On y retrouve aussi Rémi Deschambault, 58 ans, comptable externe de Norbourg embauché par Vincent Lacrois, ainsi que Jean Renaud, ex-fonctionnaire du ministère des Finances devenu conseiller fiscal chez Norbourg.