Face à une pénurie de médecins vétérinaires, des professionnels français privés de permis d'exercice réclament l'application réelle de l'entente France-Québec sur la reconnaissance professionnelle.

Selon le porte-parole de l'Assemblée des Français à l'étranger, François Lubrina, de nombreux spécialistes sont contraints à l'inactivité. Il soutient que l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec refuse de délivrer des permis sous des prétextes réglementaires et de protection du public. «Le Québec se prive d'une immigration qui est complètement intégrée alors que la profession vétérinaire est à bout de souffle et le taux de dépression augmente. On ne comprend pas pourquoi l'Ordre bloque ce processus gouvernemental de réciprocité», s'étonne M. Lubrina.

Cette situation se traduit par des délais d'attente qui s'allongent et un épuisement professionnel des vétérinaires. Cette pénurie entraîne aussi une hausse des tarifs puisque les coûts sont déterminés par la loi économique de l'offre et de la demande.

Au Québec, le manque à gagner serait d'environ 300 vétérinaires, spécialisés dans les petits comme dans les grands animaux. M. Lubrina affirme que les listes d'offres d'emplois, longtemps non comblées, témoignent de la difficulté du recrutement.

«Il est évident qu'avec le bassin de spécialistes déjà en place, on pourrait aider à réduire ce déficit», indique François Lubrina.

L'Assemblée des Français déplore que malgré la signature d'un accord destiné à faciliter la reconnaissance des qualifications professionnelles, l'Ordre des Médecins vétérinaires du Québec tarde toujours à avaliser l'entente avec son homologue français.

François Lubrina somme le gouvernement Charest de rectifier le tir. Il n'hésite pas à affirmer qu'un certain lobby médical s'exerce présentement, ce qui a pour effet de limiter les impacts des politiques d'immigration.

«Il a amorcé la mise en oeuvre d'une politique très dynamique d'immigration, cette entente est quelque chose d'extraordinaire, mais on constate que les ordres professionnels sont un Etat dans l'Etat. Il faudrait en arriver à une solution pour faire en sorte que les ordres s'occupent des questions d'éthique et de discipline professionnelle et qu'ils cessent d'imposer leur contrôle en amont et en aval sur les professions», soutient-il.

M. Lubrina ajoute qu'un an après la signature de l'entente du 17 octobre 2008, destinée à conclure les arrangements de reconnaissance mutuelle d'ici décembre 2009, seulement sept professions et 11 métiers se sont engagés, mais aucune profession médicale n'a encore signé.