L'industrie aéronautique du Québec, en perte d'altitude, entraîne dans son sillage les exportations québécoises.

L'Institut de la statistique du Québec a fait savoir hier que les exportations internationales du Québec avaient diminué de 5,8% en mai 2009 par rapport au mois précédent. Il s'agit de données désaisonnalisées exprimées en dollars constants.

C'est la pire performance des trois derniers mois. Toutefois, le mois de janvier avait donné lieu à une chute beaucoup plus sévère de 16,1%.

 

L'industrie aéronautique est une des principales responsables de la diminution du mois de mai. Si les exportations de moteurs et de pièces d'avions ont glissé respectivement de 13% et de 15% par rapport au mois d'avril, l'exportation d'avions entiers a carrément chuté de 23%.

L'économiste en chef de la Banque Laurentienne, Carlos Leitao, a cependant rappelé que les variations étaient souvent très importantes sur une base mensuelle dans cette industrie.

«Il suffit de vendre quelques avions de moins ou de plus, et ça fait changer les chiffres, a-t-il déclaré. Je préfère regarder ce qui se passe pendant les cinq premiers mois de l'année.»

Les exportations de moteurs d'avion ont dégringolé de 26% pendant les cinq premiers mois de 2009 par rapport à la même période de 2008 et les exportations de pièces d'avions ont diminué de 13%. Par contre, les exportations d'avions entiers ont légèrement augmenté de 4,3%.

«En prenant tous ces mois, on voit que le recul dans l'aéronautique ne se reflète pas encore tout à fait, a indiqué M. Leitao. On craint que lorsqu'on va avoir des données pour juin, juillet, août et septembre, ça va commencer à nous rattraper.»

Pierre Lachance, économiste à l'Institut de la statistique du Québec, a souligné que le secteur de l'aéronautique était très exposé aux effets de la crise actuelle. «Il y a beaucoup de nos produits aéronautiques qui s'en vont aux États-Unis, a-t-il indiqué. Comme la crise est très forte chez eux, ça se voit dans les statistiques.»

Dans leur ensemble, les exportations québécoises vers les États-Unis ont diminué de 8,7% entre avril et mai. Les avions entiers sont particulièrement touchés, mais aussi l'aluminium et le papier journal.

«L'aluminium entre dans la fabrication de toutes sortes de composantes, a rappelé M. Lachance. La crise actuelle a un effet là-dessus.»

Quant au papier journal, il est lié à la disparition d'éditions et à la réduction de tirage.

Un aspect des données de l'Institut de la statistique du Québec a frappé M. Leitao: le déficit commercial du Québec est en train de diminuer rapidement.

«En soi, c'est une bonne nouvelle, a déclaré l'économiste en chef de la Banque Laurentienne. Sauf que la raison de cette amélioration, c'est que les importations diminuent plus rapidement que les exportations.»

L'ensemble des exportations internationales du Québec a diminué de 14,2% pour les cinq premiers mois de 2009 par rapport à la même période de 2008. Les importations ont diminué de 20,5%.

«On peut comprendre pour une petite partie: il y a une diminution des importations de pétrole et de biens de consommation comme les automobiles, a indiqué M. Leitao. Là où c'est moins positif, c'est que les importations de machinerie et équipement diminuent fortement. Les entreprises québécoises ne profitent pas de la force du dollar canadien pour moderniser leur capital. On rate un peu cette chance.»