Au coeur du parc Memorial de Beaconsfield, par un splendide lundi matin aux abords du Saint-Laurent. À moitié au soleil, à moitié à l'ombre, se trouve un cercle d'une trentaine de personnes, d'où émanent des bruits de tambours, puis des rythmes, bientôt une musique. Une trentaine d'employés de la Ville tape sur toutes sortes de percussions, tout sourire. C'est jour de formation.

Pendant une heure, les employés du service de culture et loisirs de Beaconsfield ont joué du tambour, de la tambourine, des maracas et autres instruments à l'occasion d'un atelier de percussions offert par Louis-Daniel Joly, fondateur de Baratanga.Objectif: créer des liens dans le groupe et forger l'esprit d'équipe. De la consolidation d'équipe, quoi.

M. Joly est au centre du cercle (drum circle) et guide les participants plus qu'il ne les dirige. Après quelques minutes, ce sont déjà les participants qui composent eux-mêmes la musique au moment de la jouer. «Chaque séance apporte une musique différente», dit M. Joly.

Au fil de la séance, le groupe complet jouera parfois le même rythme, alors qu'à d'autres moments différentes sections du cercle se lanceront la balle musicale. Louis-Daniel Joly fera les rappels à l'ordre qui s'imposent: «N'oubliez jamais de sourire».

Il n'aura pas besoin de le faire souvent. Les minutes avancent et les participants laissent tomber leurs appréhensions. Ils se laissent aller au rythme de leur instrument. Et ils sourient.

À la fin de l'heure, et après une percutante finale de tambours et de cris, les participants se lèvent, un peu essoufflés, mais satisfaits.

«Ça défoule, dit Kathleen Albert, animatrice culturelle au centre Centennial. Ça fait du bien d'être tout le monde ensemble, avec des gens qu'on ne fait parfois que croiser. Ça rapproche les gens. Et c'est simplement agréable, une activité qui sort du cadre.»

Pour Mme Albert, c'est dire que l'objectif a été atteint. «On voulait rassembler les employés», explique Michelle Janis chef de division au service de culture et loisirs, qui a organisé l'activité.

C'est bienvenu, dans le contexte où les employés travaillent dans trois immeubles différents, qu'ils travaillent de façon compartimentée et pas nécessairement toujours dans le même sens, note Mme Janis. «Nous avons expliqué à tout le monde que la musique, c'est comme le travail d'équipe, il faut travailler ensemble au même rythme pour arriver à quelque chose.»

Le drum circle n'est pas une panacée. «Je n'ai pas la prétention de régler tous les problèmes en une heure», dit Louis-Daniel Joly.

Vincent Trengia, conseiller aux ressources humaines, était sceptique avant l'activité. Il le reste encore un peu après. «Ça apprend aux gens, inconsciemment et sans théorie, qu'ils sont le maillon d'une chaîne. Ça forge l'esprit d'équipe. J'ai eu du plaisir, mais on verra ce que ça va donner dans quelques semaines.»

«Ce n'est pas une potion magique, concède Michelle Janis, qui a organisé l'activité. C'est une étape, une brique dans l'édifice. Il faut se retrouver à tous les deux mois pour vivre d'autres expériences de groupe. Si on ne se revoit que dans un an, ç'aura été un coup d'épée dans l'eau.»

La société de consultation en technologie Accenture a aussi reçu la visite de Baratanga, à la fin du mois de mai. Une douzaine de personnes ont participé à la l'exercice, et «même les sceptiques ont eu beaucoup de plaisir», dit Anouk Trudel, directrice principale.

«Ça a permis de bâtir des relations à un niveau différent, de voir les gens sous un autre jour, ajoute-t-elle. Et de relaxer.»

Un facilitateur

Louis-Daniel Joly, percussionniste depuis 21 ans et enseignant de musique, a tourné pendant six ans avec le spectacle Dralion, du Cirque du Soleil. Au fil de sa carrière, l'homme de 37 ans a découvert les vertus du cercle de percussions (pour la consolidation d'équipe comme pour le bonheur des enfants malades) et y consacre maintenant une partie de son travail. Un travail qui n'est ni celui de directeur musical ni celui de clown, insiste-t-il. Plutôt celui de facilitateur.

«Je ne fais que pousser la roche vers la pente, dit-il. Après, elle prend sa vitesse.»

«Le drum circle est quelque chose de spécial, quelque chose qui rejoint tout le monde, explique celui qui a fondé Baratanga en mai 2008. Tout le monde est égal, apporte sa contribution. Le résultat augmente le sentiment de communauté.»