Le ciel est couvert de nuages gris pour Quebecor World (T.IQW) et il ne risque pas de se dégager, même si ses créanciers devaient appuyer jeudi son plan de restructuration, a estimé mercredi un analyste de l'industrie.

La récession fait mal à tous les imprimeurs, mais le plan ébauché par Quebecor World est très ambitieux, a jugé Charles Strauzer, de la firme CJS Securities, lors d'un entretien.

L'analyste new-yorkais croit que l'imprimeur établi à Montréal aura de la difficulté à atteindre ses objectifs et pourrait éventuellement regretter l'offre de prise de contrôle hostile de son concurrent R.R. Donnelley dont il s'est détourné.

Quebecor World a cependant au moins atout dans son jeu, soit un bilan amélioré par une réduction de sa dette. Reste que malgré tout, il émergera de la protection de la cour dans une «économie en pleine tempête», a noté M. Strauzer.

L'avenir de l'imprimeur est pour l'instant entre les mains de ses créanciers, qui doivent voter jeudi sur le plan de restructuration développé ces 17 derniers mois, soit depuis qu'il s'est placé sous la protection de la cour contre ses créanciers au Canada et aux États-Unis.

Le vote de créanciers détenant plus d'un milliard $ US en réclamations a déjà commencé à la veille de la rencontre formelle, qui se tiendra à Montréal. Des votes seront aussi recueillis aux États-Unis.

Quebecor World devra obtenir un appui représentant au moins les deux tiers de la valeur des réclamations, en plus d'un vote d'une majorité des personnes dans chaque catégorie de créanciers.

Une audience de confirmation est prévue le 30 juin pour avaliser le résultat.

La société espère pouvoir renaître sous un nouveau nom et être guidée par un nouveau conseil d'administration d'ici la mi-juillet.

Un rejet du plan de restructuration par les créanciers pourrait être fatal pour l'imprimeur. La liquidation de la compagnie devrait normalement suivre, les créanciers non garantis n'obtenant vraisemblablement qu'une mince portion de l'argent qui leur est dû, a indiqué le contrôleur nommé par la cour, Ernst & Young, dans un récent rapport.

Mais M. Strauzer croit que ce dernier scénario est peu probable. Même si le vote était négatif, Quebecor World obtiendrait probablement un sursis de la part de ses banques, puisqu'il génère toujours de l'argent. R.R. Donnelley ou quelqu'un d'autre pourrait alors revenir à la charge avec une nouvelle offre de rachat, a-t-il estimé.