Les PME n'y échapperont pas: elles devront elles aussi faire la preuve qu'elles offrent à leur personnel féminin un salaire équivalent à celui que touchent les hommes effectuant des tâches comparables.

L'Assemblée nationale a adopté mercredi, à l'unanimité, le projet de loi 25, qui vient renforcer la loi sur l'équité salariale, adoptée en 1996 et qui visait surtout la grande entreprise.

La loi est entrée en vigueur en 1997, et les entreprises avaient jusqu'en novembre 2001 pour s'y conformer.

Désormais, 10 500 entreprises de 10 employés et plus y seront assujetties elles aussi et devront donc entreprendre une démarche formelle d'équité salariale.

Elles ont quatre ans devant elles pour compléter l'exercice.

Les plus grandes entreprises qui ne se sont toujours pas conformées à l'ancienne loi ont jusqu'au 31 décembre 2010 pour démontrer leur bonne foi et verser les ajustements salariaux dus à leurs employées.

Celles qui n'auront pas respecté ce délai s'exposent à payer une indemnité qui s'ajoutera aux intérêts à verser, en plus des sommes dues à leurs employées depuis 2001, le cas échéant.

L'indemnité imposée aux entreprises réfractaires ou retardataires atteindra entre 2% et 3% des compensations salariales à offrir aux travailleuses visées.

De plus, Québec augmente de 4 millions de dollars d'ici un an les budgets mis à la disposition de la Commission de l'équité salariale, chargée d'appliquer la loi.

Le projet de loi, défendu par le ministre du Travail, David Whissell, a été bien accueilli, tant par les milieux syndicaux que patronaux et féministes.

Présent à l'annonce, le premier ministre Jean Charest a dit qu'il ne fallait pas voir cette loi comme un irritant pour les entreprises, même en temps de crise économique.

«Il ne s'agit pas de dire aux Québécois: ou c'est l'économie ou c'est l'égalité, parce que c'est les deux. Traiter de manière équitable une citoyenne du Québec, c'est un droit. Un n'oppose pas l'autre», a-t-il fait valoir, en conférence de presse.

Le ministre du Travail, quant à lui, s'est engagé à faire appliquer la loi «avec plus de fermeté» que par le passé.

À l'heure actuelle, 13 ans après l'adoption de la loi précédente et huit ans après l'échéance de 2001, environ la moitié des entreprises n'ont toujours pas fait leurs devoirs.

Tous les cinq ans, les chefs d'entreprises devront aussi effectuer une mise à jour de leur exercice d'équité salariale.

La loi 25 sera réévaluée dans 10 ans.

Depuis 2001, 500 000 femmes - tant du secteur public que privé - ont réussi à voir leur salaire revu à la hausse, en partant du principe qu'une rémunération égale doit être offerte pour tout travail d'égale valeur.

Selon le ministre Whissell, l'équité salariale fait désormais partie des moeurs, malgré les réticences du monde patronal. Il a dit que plus personne au Québec «ne voudrait retourner en arrière et remettre en cause ce droit aussi fondamental».