Le nouveau PDG de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, veut changer la culture de l'institution en matière de gestion du risque. L'objectif: tirer parti des dures leçons apprises avec la crise du papier commercial et des marchés boursiers.

D'ici peu, une vingtaine d'experts du risque seront intégrés aux équipes de chacun des grands secteurs d'investissement de l'institution. De plus, un poste est spécifiquement consacré à cette tâche à la haute direction (chef de la gestion des risques). Il sera occupé par Susan Kudzman, qui gérait auparavant le risque, mais aussi les relations avec les déposants.

 

«Il y a un défi fondamental de gestion du risque, c'est une question de changement de culture. Le risque ne doit pas être limité à l'équipe de gestion du risque, mais à toute l'organisation», a déclaré hier Michael Sabia, en téléconférence.

55 postes abolis

L'allocution de M. Sabia suivait l'annonce d'une réorganisation dans le personnel de la Caisse.

Trois hauts dirigeants quittent la Caisse, tandis que trois font leur entrée.

Globalement, 55 postes sont abolis, mais certains employés pourraient être réaffectés dans les 24 nouveaux postes créés principalement dans la gestion du risque.

Au bout de l'exercice, il y aura 31 employés de moins à la Caisse, qui en comptait 813 au 31 décembre 2008.

Bien que l'actif net ait diminué, Michael Sabia ne cherche pas à réduire les coûts d'exploitation. Les départs entraîneront des économies de 4 ou 5 millions de dollars, ce qu'il qualifie de «très très très petit».

«Ce n'est pas une question de réduction de coûts. Nous voulons mettre en place une structure plus efficace, plus simple et j'espère, plus agile», dit-il.

Les trois dirigeants qui ont plié bagage sont le stratège en chef, Christian Pestre, le premier vice-président des marchés boursiers, François Grenier, et le responsable des fonds de couverture, Michel Malo.

L'ex-PDG, Richard Guay, travaille toujours à la Caisse, mais n'est plus membre de la direction. «Il fait des activités de recherche et fera ensuite une transition vers une nouvelle étape de sa carrière», a dit M. Sabia.

Selon nos informations, Richard Guay travaille principalement à la préparation de la commission parlementaire sur la Caisse de dépôt, qui aura lieu prochainement.

Parmi les nouveaux venus, mentionnons Jean-Luc Gravel (premier vice-président, marchés boursiers). M. Gravel s'est fait remarquer pour ses bons coups dans le sous-secteur des actions canadiennes, l'un des rares de la Caisse à avoir battu les indices de référence en 2008.

La responsabilité des relations avec les déposants a été confiée à Bernard Morency, jusqu'alors conseiller de Susan Kudzman. M. Morency devient aussi responsable des initiatives stratégiques. Ce gestionnaire s'est joint à la Caisse en 2007 après avoir travaillé pour le compte de Mercer à New York.

En téléconférence, Michael Sabia a également indiqué qu'il recherchait un chef des investissements.

Un chef des liquidités

Fait à souligner, la Caisse centralise la gestion des liquidités entre les mains du chef de la direction financière, Ghislain Parent. «Il pourra gérer la question des liquidités avec une perspective plus globale. En ce moment, l'environnement est différent d'il y a deux ans. La disponibilité de liquidités et de levier a changé», dit Michael Sabia.

Cette question des liquidités a été au coeur du mandat d'Henri-Paul Rousseau. La Caisse a fait passer ses emprunts destinés à être placés à court terme de 2,4 milliards à la fin de 2001 à 46,5 milliards à la fin de 2006. Une partie de cette somme empruntée avec la technique REPO a été placée dans les papiers commerciaux PCAA.

Idée intéressante

Le professeur honoraire de finance Jacques Bourgeois, de HEC Montréal, a pris connaissance des changements à la Caisse. «Ce n'est pas une grande surprise que François Grenier soit remplacé. Les rendements des marchés boursiers à la Caisse n'ont pas été très bons ces dernières années, en particulier à l'international», dit-il.

M. Bourgeois trouve intéressante l'idée d'intégrer des experts du risque à chacun des portefeuilles. Il est néanmoins perplexe à d'autres égards. «Je ne connais pas Susan Kudzman, mais je suis étonné qu'elle demeure en poste, compte tenu des défaillances de la Caisse dans la gestion des risques, notamment pour le papier commercial. Il semble toutefois qu'elle jouera le rôle de gestionnaire d'une équipe d'experts des risques», dit M. Bourgeois.

À ce sujet, Michael Sabia a dit qu'il avait besoin d'une personne qui connaît bien la Caisse et qui est en mesure d'implanter des changements rapides dans la gestion du risque. Ces changements seront implantés en 18 mois plutôt que trois ans comme prévu. Parmi les changements, la Caisse se dotera de meilleurs outils pour faire face à l'imprévisible et trouvera une meilleure façon d'évaluer les nouveaux produits.

 

Changements à la haute direction de la Caisse

>Qui part

François Grenier (Marchés boursiers)

Michel Malo (Fonds de couverture)

Christian Pestre (Stratégie)

Qui reste

Robert Desnoyers (Ressources humaines)

Philippe Iturbide (Revenu fixe)

Susan Kudzman (Risques)

Suzanne Masson (Affaires corporatives)

Ghislain Parent (Direction financière)

Fernand Perreault (Conseils au PDG)

Normand Provost (Placement privés)

René Tremblay (Immobilier, intérim)

Qui arrive

Jean-Luc Gravel (Marchés boursiers)

Jacques Lavallée (Exploitation et technologie)

Bernard Morency (Relations avec les déposants)