Trop élevés, le salaire et la rente de retraite que devait recevoir le nouveau président de la Caisse de dépôt de placement, Michael Sabia ?

Tout dépend du point de vue. Certes, pour les contribuables, un salaire annuel d'un demi-million de dollars, avant prime, et une rente de retraite prévue à 235 000$ par année, après cinq ans, apparaissaient très généreux pour le PDG d'une société d'État.

 

Pourtant, en comparaison avec la paie des présidents des plus grandes entreprises montréalaises, la rémunération proposée à Michael Sabia semble plutôt ordinaire.

C'est ce que suggère un relevé de La Presse Affaires des salaires et des rentes de retraite des PDG des 10 plus grandes sociétés à siège social montréalais, selon leur capitalisation boursière (voir tableau).

Après tout, le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt est à la tête d'une organisation qui détient un actif net de 120 milliards de dollars. Et même 220 milliards si l'on considère l'ensemble des «actifs gérés « par la Caisse sur les marchés financiers, en immobilier et en placements directs en entreprises.

En comparaison, parmi les plus grandes entreprises montréalaises cotées en Bourse, seulement trois affichent un acti f dont la taille rivalise avec celui de la Caisse de dépôt.

Ce trio sélect comprend la Banque Nationale, qui affiche un actif de 129 milliards dans son plus récent rapport annuel.

On y retrouve aussi les deux principales entreprises contrôlées par la famille Desmarais, Power Corporation et la Financière Power , dont l'actif croisé dépasse les 140 milliards.

Or, la rémunération et les rentes de retraite des PDG de chacune de ces entreprises s'avèrent beaucoup plus riches que celles d'abord proposées à leur vis-à-vis à la Caisse de dépôt.

La différence se compte même en millions de dollars par année pour leur rémunération courante. Et par des centaines de milliers de dollars par année pour leurs futures prestations de retraite.

Et même au fonds Teachers' de Toronto, souvent comparé à la Caisse de dépôt, la rémunération et la rente de retraite du PDG sont beaucoup plus généreuses que celles d'abord consent ies à son vis-à-vis montréalais.

Chez Teachers'

Le PDG de Teachers', Jim Leech, est rémunéré au moins 3 millions par année en salaire et primes, selon le plus récent rapport annuel de la caisse de retraite de 108 milliards en actif net (au 31 décembre 2007).

Quant à sa prestation de retraite, elle est déjà prévue à 258 000$ par année en ce début de mandat de PDG pour M. Leech.

Son prédécesseur à la présidence de Teachers', Claude Lamoureux, a pris sa retraite l 'an dernier avec une rente annuelle de 371 000 $. Sa rémunération à sa dernière année en poste avait atteint 4,8 millions en salaire et prime.

Cela dit, la rémunération et les rentes de retraite des PDG d'un nombre croissant d'entreprises cotées en Bourse sont déjà dénoncées comme excessives par leurs actionnaires.

Ce débat s'est avivé suffisamment ces dernières années pour inciter plusieurs grandes entreprises, à commencer par les banques, à expliquer et à justifier davantage la rémunération de leurs hauts dirigeants.

Le plus récent volet de ce débat a présentement lieu au fur et à mesure des assemblées d'actionnaires. Il a déjà forcé plusieurs entreprises à consentir de faire voter leurs actionnaires sur leurs pratiques de rémunération.

Il s'agira encore que de «votes consultatifs «. Mais néanmoins, un important pas en avant du point de vue des groupes de défense des actionnaires.