La directrice générale du Fonds Monétaire International Christine Lagarde a appelé jeudi les pays du G20 à «prendre des mesures énergiques afin d'éviter le piège d'une croissance faible».

Dans une note avant la tenue d'un sommet du G20 à Hangzhou, dans l'est de la Chine, les 4 et 5 septembre, la patronne du FMI met en garde contre «le pendule politique qui balance du mauvais côté de l'ouverture économique».

«Sans actions percutantes, le monde pourrait souffrir d'une croissance décevante pendant longtemps», avertit-elle.

Elle rappelle que l'année 2016 sera la 5e année d'affilée où la croissance mondiale restera en deçà de la moyenne réalisée entre 1990 et 2007 (3,7%). «2017 pourrait bien être la sixième année», affirme Mme Lagarde.

Du côté des pays riches, les séquelles de la crise financière, une faiblesse de la demande, une tendance démographique défavorable et une frêle productivité sont mises à l'index. Pour les pays émergents, la croissance forte de la décennie passée a fait place à un taux d'expansion plus conforme à la norme historique, plombé par la chute des prix des matières premières notamment.

L'équilibre des risques penche du mauvais côté, ajoute un rapport du FMI publié par la même occasion.

La transition économique de la Chine «pourrait rencontrer des obstacles qui ont la potentialité d'être contagieux», dit le rapport. Elle coûte en tout cas déjà aux partenaires commerciaux qui comptent sur la demande chinoise pour leurs exportations.

«Cela pourrait provoquer une volatilité financière tout au long de la route», avertit Mme Lagarde.

Les incertitudes sur les suites du choix britannique de sortir de l'Union européenne sont en outre encore présentes et «menacent les perspectives économiques, particulièrement en Europe, où les institutions financières vont faire face à des défis», dit encore le Fonds.

Cette faible croissance globale, ajoutée aux montées des inégalités, «nourrit un climat politique où les réformes se gèlent et où les pays ont recours à des mesures de repli sur soi».

Globalement dans les pays avancés, les revenus des 10% les plus riches ont grimpé de 40% au cours des vingt dernières années tandis qu'ils ont à peine progressé pour les plus modestes.

Pour contrer cette apathie, la patronne du FMI estime à nouveau que «les politiques budgétaires doivent jouer un rôle» alors que les politiques monétaires des banques centrales sont déjà sollicitées au maximum.

Elle estime toujours que les pays n'ont pas entrepris suffisamment de réformes structurelles. À un moment où les négociations de grands accords commerciaux, notamment entre les États-Unis, l'Asie et l'Europe, sont menacées, il faut «revigorer» les échanges, a ajouté Mme Lagarde.

«Il est facile de blâmer le commerce pour tous les maux qui affligent un pays, mais limiter le libre-échange risque de faire caler un moteur qui pendant des décennies a permis de réaliser des gains de bien-être sans précédent», conclut-elle.