Pour ou contre le Brexit? Le sujet enfièvre les milieux d'affaires britanniques à moins de quatre mois du référendum sur l'avenir européen du pays, que devait évoquer jeudi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble devant la City.

Pour la majorité des entreprises, un vote en faveur d'une sortie britannique de l'Union européenne («Brexit») représente un saut dans l'inconnu, inquiétant face aux énormes avantages que constituent la libre circulation des biens et de la main-d'oeuvre du continent jusqu'aux îles du Royaume-Uni.

Les principales organisations patronales le rappellent à l'envi, les géants de la banque et de la finance, comme HSBC, le claironnent sur tous les toits de la City et les compagnies aériennes à succès Ryanair et EasyJet alertent leurs passagers sur le sujet.

Jeudi, c'est l'industrie automobile qui a repris le refrain, sondage à l'appui: 77% des membres de la puissante association des constructeurs et des vendeurs d'automobiles (SMMT) souhaitent un maintien dans le giron européen à l'issue du référendum organisé le 23 juin, seuls 9% d'entre eux jugeant préférable une rupture européenne.

«Le message de l'industrie britannique de l'automobile est clair: être dans l'Europe est vital pour l'avenir de cette industrie et garantir les emplois, l'investissement et la croissance», a martelé Mike Hawes, directeur général de la SMMT, porte-étendard d'un secteur fort de 800 000 emplois directs et indirects.

D'après le quotidien The Guardian, les dirigeants du géant allemand BMW, qui possède notamment au Royaume-Uni les marques britanniques Mini et Rolls-Royce, ont même écrit à leurs employés pour les mettre en garde contre un possible Brexit, prévenant que «la main-d'oeuvre» pourrait être affectée.

Débarquement d'un grand partisan européen

Mais au milieu de cet assourdissant concert, quelques voix cherchent à faire entendre la note différente du «business pro-Brexit». Une dizaine de jours après la publication d'une tribune de 200 patrons, notamment de grands groupes, favorables au maintien dans l'UE, une lettre de plus de 200 dirigeants, cette fois de petites entreprises, incite à l'inverse au départ jeudi.

«Beaucoup a été dit récemment à propos du soutien donné au maintien dans l'UE par une minorité de dirigeants des principales entreprises britanniques», écrivent les signataires de ce texte, parmi lesquels des entrepreneurs indépendants et des chefs de petites sociétés spécialisées dans le nettoyage des moquettes, la réfection des salles de bain ou encore la maintenance des voies de chemin de fer.

«En tant qu'entrepreneurs, nous avons affaire au régime de l'UE avec ses régulations inutiles qui alourdissent nos coûts, réduisent nos profits et augmentent nos prix pour nos clients, sans rien en échange», ont souligné ces responsables, dont l'initiative a été coordonnée par Leave.EU, un mouvement qui fait campagne pour le Brexit.

Leur camp a reçu un soutien inattendu et involontaire de la part de Stuart Rose, ancien patron des magasins Marks and Spencer et leader de Britain Stronger in Europe, une association pro-européenne.

Interrogé mercredi en commission parlementaire pour savoir si un Brexit pourrait entraîner une hausse des salaires des employés non qualifiés, en diminuant l'arrivée d'immigrés depuis le continent, M. Rose a répondu en tant qu'employeur: «Si vous manquez de main-d'oeuvre, le prix va augmenter, oui. Ce n'est pas forcément une bonne chose».

Jeudi, la City de Londres attendait toutefois surtout la venue d'un grand partisan du projet européen, le ministre allemand des Finances Wolgang Schäuble, qui devait s'exprimer devant un parterre d'hommes d'affaires réunis par les British Chambers of Commerce.

Il devait y croiser son homologue britannique, George Osborne, favorable comme le premier ministre David Cameron au maintien dans l'UE mais dont le Parti conservateur se déchire sur la question.