L'agence de notation Moody's a dégradé mercredi sa perspective sur les obligations d'État chinoises, de «stable» à «négative», s'alarmant de la dette croissante du gouvernement et des fuites de capitaux, et s'interrogeant sur les capacités de Pékin à mettre en oeuvre les réformes économiques attendues.

La solidité fiscale du gouvernement chinois s'est émoussée, avec un accroissement des emprunts dans les systèmes économique et financier et une pression grandissante sur les entreprises d'État, selon Moody's.

Pour l'agence, le ralentissement de la croissance chinoise devrait entraîner un gonflement de la dette des banques publiques d'investissements -- chargées de mettre en oeuvre les politiques gouvernementales --, les autorités soutenant l'investissement pour stimuler l'activité économique.

Une perspective négative est synonyme de «probabilité plus élevée d'un changement de notation à moyen terme», a déclaré Moody's sur son site internet. Une dégradation de la note de la dette chinoise renchérirait pour Pékin le coût de l'emprunt sur les marchés internationaux.

La dette gouvernementale a grimpé à 40,6% du produit intérieur brut (PIB) à la fin 2015, contre 32,5% en 2012, selon des estimations de l'agence.

Moody's prévoit qu'elle s'établira à 43,0% d'ici l'année prochaine, en raison de dépenses gouvernementales et de réductions de taxes destinées à soutenir l'économie.

La Chine a enregistré l'an passé une croissance de 6,9%, au plus bas depuis un quart de siècle, suscitant les inquiétudes des investisseurs internationaux.

Moody's a averti que les mesures fiscales et monétaires visant à atteindre l'objectif gouvernemental de croissance, qui devrait être fixé à 6,5% pour 2016, «sont susceptibles de ralentir les réformes attendues».

«Sans réformes crédibles et efficaces, la croissance du PIB chinois ralentira plus nettement, car le fardeau élevé de la dette freine les investissements des entreprises et la démographie devient de plus en plus défavorable», a ajouté l'agence.

Selon Moody's, la dette gouvernementale devrait «augmenter plus fortement que ce que nous prévoyons actuellement».

Les réserves de devises de la Chine, les plus importantes du monde, sont tombées à 3200 milliards de dollars en janvier, au plus bas depuis mai 2012, selon des chiffres officiels.

«Leur diminution souligne l'éventualité que la pression sur le taux de change et la confiance dégradée dans l'aptitude des autorités à soutenir la croissance économique et à mettre en place les réformes puissent alimenter de nouvelles fuites de capitaux», d'après Moody's.

L'agence a cependant maintenu la note de la Chine à «Aa3», soulignant de nombreux amortisseurs pour l'économie chinoise, dont notamment la forte épargne des ménages.