Le gouvernement chinois doit avoir «l'audace de changer» et répondre à l'«urgence» des réformes libérant les forces du marché, sous peine de voir l'économie du pays s'enliser dans un «ralentissement permanent», voir une «stagnation», a prévenu mardi la Chambre de commerce de l'Union européenne (UE) en Chine dans rapport annuel.

En dépit des engagements pris en 2013 par la direction communiste chinoise pour accorder aux forces du marché un «rôle décisif» dans la deuxième économie mondiale, la mise en oeuvre de telles réformes n'a connu que de «lents progrès», tandis que les entreprises chinoises continuent d'avoir un traitement préférentiel par rapport à leurs concurrentes européennes, déplore la CCUE dans son rapport.

«La direction chinoise doit agir maintenant», presse le rapport annuel de la CCUE, qui regroupe quelque 1800 entreprises européennes depuis sa création en 2000.

Depuis des décennies, l'économie chinoise, moteur de l'économie mondiale, est dominée par les grands groupes d'État «vers lesquels le gouvernement canalise l'épargne de la population pour développer des projets à grande échelle au détriment de politiques industrielles clairement définies», analyse encore le rapport.

«Cette approche s'est avérée coûteuse et inefficace, et elle doit être abandonnée maintenant si le marché est appelé à jouer un rôle décisif», souligne-t-il.

La Chine veut rééquilibrer son modèle économique en se tournant vers les industries de haute technologie, la consommation et les services au détriment des investissements non productifs d'infrastructure. Mais le ralentissement de la croissance chinoise a suscité une vague d'inquiétude à l'origine d'un vent de panique sur les marchés boursiers le mois dernier.

Lundi, Pékin a annoncé une révision à la baisse de la croissance de son PIB de 2014, à 7,3% contre 7,4%, son plus bas niveau depuis un quart de siècle.

Dans ce contexte, il y a «urgence», a déclaré à l'AFP le président de la CCUE, Joerg Wuttke.

«La direction (chinoise) l'a bien analysé», a-t-il relevé, avant ajouter qu'«il est parfois décevant de voir que si peu est fait».

En outre, la Chambre relève dans son rapport que «si des réformes sont en cours dans beaucoup de domaines, elles bénéficient surtout aux entreprises chinoises».

D'où «une image mitigée suggérant que l'agenda des réformes en Chine comprend de nouvelles restrictions et que le pays se ferme dans certains domaines économiques», une réalité «très perturbante pour les affaires».

Des banques aux assurances en passant par les chemins de fer, les entreprises européennes sont ainsi tenues de s'associer à des partenaires chinois, relève la CCUE.

«La plus grosse pierre d'achoppement est le protectionnisme local, les entreprises d'État et le népotisme», a déploré Joerg Wuttke auprès de l'AFP, citant les restrictions sur l'ouverture de succursales bancaires européennes, alors que les banques chinoises bénéficient de facilités en Europe.

L'interpellation par la Chambre des autorités chinoises alors que Pékin est intervenu à coups de dizaines de milliards de dollars pour tenter le freiner la dégringolade boursière d'août.