La Grèce, qui va devoir mettre en oeuvre un difficile programme de réformes en échange d'une nouvelle aide internationale, devrait retomber nettement en récession cette année et l'an prochain, ont indiqué mercredi des sources européennes.

L'économie grecque, qui n'a émergé qu'en 2014 d'une longue période de six ans de récession, devrait voir son produit intérieur brut (PIB) replonger de 2,3% en 2015 et de 1,3% en 2016, selon ces sources.

Le plan d'aide de quelque 85 milliards d'euros sur trois ans (123 milliards de dollars), qui est entré dans la dernière ligne droite des négociations et attend l'approbation des partenaires d'Athènes au sein de la zone euro, est accompagné de mesures «dures, mais les sacrifices sont équitablement partagés», a jugé une des sources interrogées.

L'accord est «très complet et conçu pour régler les défauts du modèle économique grec», selon cette source, qui a souhaité garder l'anonymat.

Le plan prévoit non seulement des hausses d'impôts, des réductions de dépenses drastiques et des réformes de fond, mais aussi «des mesures fortes pour soutenir la croissance», a insisté cette source en réponse aux inquiétudes face à une cure d'austérité qui pourrait tuer la reprise dans l'oeuf.

Le ministre grec de l'Économie Giorgos Stathakis a dit mardi qu'il anticipait une «petite récession» cette année et un retour à la croissance l'an prochain.

Mais les sources européennes interrogées ne prévoient ce retour à la croissance qu'en 2017, avec une progression du PIB de 2,7%, puis de 3,1% en 2018 au fur et à mesure que les mesures du programme d'aide produiront leurs effets.

Selon l'accord sur les objectifs budgétaires de la Grèce pour 2015-2018, il est désormais prévu que le pays connaisse un déficit primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, avant des excédents primaires de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018, au lieu d'excédents chaque année, comme espéré précédemment.

Ces excédents primaires devraient donner à Athènes une certaine marge de manoeuvre pour relancer la croissance et aussi, en théorie, pour réduire sa dette colossale. Celle-ci atteint quelque 320 milliards d'euros, soit 170% du PIB, et devrait monter à 200%.

Le Fonds monétaire international, qui a menacé de ne plus participer à l'aide financière à la Grèce si rien n'est fait pour réduire cette dette jugée non viable, tout comme le gouvernement grec, attendent un geste des Européens.

Les sources interrogées mercredi ont cependant insisté sur la nécessité pour Athènes de commencer par mettre en oeuvre les réformes, afin qu'elles soient sur les rails d'ici octobre, lorsque les créanciers feront un premier passage en revue du programme.

Les mesures pour alléger le fardeau de la dette «interviendront à un stade ultérieur», a indiqué une des sources.

Tsipras «confiant» dans un accord

Le premier ministre grec Alexis Tsipras, s'exprimant pour la première fois depuis la fin des négociations techniques sur le troisième programme d'aide à la Grèce, s'est dit mercredi  «confiant» dans la conclusion définitive de celui-ci, en prédisant l'échec de ceux qui auraient «un plan caché» contre la Grèce.

M. Tsipras, en visite au ministère des Infrastructures, a indiqué qu'il «reste confiant dans la conclusion d'un accord et d'un prêt du Mécanisme de stabilité européen qui mettra fin à l'incertitude économique» du pays.

Alors que l'optimisme est assez général parmi les créanciers pour espérer que l'accord sera aussi accepté très vite au niveau politique, plusieurs pays comme l'Allemagne ou la Finlande paraissent encore réticents.

Mardi soir au téléphone, la chancelière allemande Angela Merkel aurait ainsi exprimé auprès de M. Tsipras sa préférence pour un «prêt-relais» à la Grèce, avant la signature définitive de cette nouvelle aide de 85 milliards d'euros (123 milliards de dollars), afin de permettre à Athènes notamment d'honorer un remboursement de 3,4 milliards d'euros (4,9 milliards de dollars) à la BCE le 20 août.

Le ministre finlandais des Finances Alexander Stubb, pour sa part, a estimé que parler d'accord est encore «un bien grand mot».

Dans les deux pays, certains, y compris dans les cercles du pouvoir, sont assez partisans d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

Sans citer personne, M. Tsipras a estimé que «ceux qui ont un secret désir, un plan secret pour réaménager la zone euro en utilisant la Grèce comme excuse échoueront».

Le premier ministre, qui a aussi fort à faire sur sa gauche alors que toute une frange de son parti Syriza rejette cet accord, fait comme si de rien n'était et comme si l'accord était déjà acté : il en a expédié dès mardi soir une copie sous forme d'un projet de loi de près de 400 pages, en demandant à ce qu'un vote soit organisé dès jeudi pour le ratifier.