La production industrielle de la Chine a fortement ralenti en juillet, en deçà des attentes, confirmant les difficultés de la deuxième économie mondiale, alors même que la récente dévaluation du yuan est perçue comme un moyen pour Pékin de revigorer une activité à la peine.

Pénalisée autant par un fort repli des exportations que par la morosité générale de l'activité, la production industrielle chinoise n'a gonflé que de 6% sur un an le mois dernier, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS).

C'est bien moins que la progression de 6,8% enregistrée en juin, et très en deçà de la prévision médiane des analystes interrogés par l'agence Bloomberg (+6,6%).

«C'est le signe que l'économie chinoise s'essouffle à nouveau après s'être légèrement reprise au cours du deuxième trimestre», commentait Yang Zhao, analyste de la maison de courtage Nomura.

La ralentissement des investissements, notamment dans les infrastructures et dans le secteur immobilier, continue de plomber l'activité, a-t-il observé.

Les investissements en capital fixe ont grimpé de 11,2% sur un an sur les sept premiers mois de l'année, poursuivant leur décélération: il s'agit de leur plus faible taux de progression depuis décembre 2000.

Le gouvernement central muscle certes les dépenses publiques «mais les gouvernements locaux rencontrent eux des problèmes de financement», ayant vu leurs recettes liées aux ventes de terrains s'effriter sévèrement en même temps que le marché immobilier, relevait Yang Zhao.

Quant à la production d'électricité, indice clef, elle a chuté de 2% en juillet, après un léger rebond de 0,5% en juin.

Assombrissement de tous côtés

Pas d'embellie non plus du côté des ventes de détail, baromètre de la consommation des ménages: elles ont augmenté de 10,5% sur un an le mois dernier, selon le BNS.

Et ce en dépit d'une robuste performance des ventes sur internet. Là encore, c'est un ralentissement (+10,6% enregistrés en juin), et en dessous des attentes du marché, qui misait sur une stabilisation.

Cette salve de statistiques décevantes est publiée quelques jours après des chiffres inquiétants sur le commerce extérieur chinois.

Avec un plongeon de 8,3% sur un an de ses exportations en juillet, le géant asiatique voit se fissurer l'un de ses traditionnels piliers de croissance.

Autre indicateur symptomatique: les ventes de véhicules en Chine --le premier marché automobile mondial-- ont dégringolé de 7% en juillet, selon une fédération professionnelle.

Dans ce contexte, la forte dévaluation du yuan orchestrée ces deux derniers jours par la banque centrale chinoise (PBOC) a été largement perçue comme un appui des autorités aux entreprises exportatrices et à l'économie.

Sur mardi et mercredi, la PBOC a abaissé d'environ 3,5% son taux de référence de la monnaie chinoise face au dollar, affirmant vouloir le rapprocher de la réalité du marché des changes.

p/ -Objectif de croissance sous pression- D'après les statistiques gouvernementales, la croissance de l'économie chinoise s'est stabilisée à +7% au deuxième trimestre, un niveau correspondant précisément à l'objectif annuel que s'est fixé Pékin.

Le cas échéant, cela serait tout de même sa plus faible performance en un quart de siècle, après une croissance du PIB tombée à 7,4% en 2014.

Mais même cet objectif pourrait s'avérer difficile à atteindre.

«Les indicateurs pour juillet ne suggèrent guère d'amélioration tangible, et à moins d'un sursaut de la conjoncture, la croissance pourrait trébucher sous 6,5% au troisième trimestre», estimait Li-Gang Liu, analyste de la banque ANZ.

Pour lui, la banque centrale devrait du coup poursuivre ses assouplissements de politique monétaire: l'institution a déjà abaissé à quatre reprises depuis novembre ses taux d'intérêt, mais elle devrait les réduire encore une fois d'ici octobre, a-t-il prédit.

De même, sur le front budgétaire, Pékin pourrait alléger encore davantage le poids de la dette des gouvernements locaux et encourager des dépenses publiques accrues dans les projets d'infrastructures, abondait Yang Zhao, de Nomura.

De nombreux analystes estiment néanmoins que les statistiques officielles sont surévaluées, et que la croissance réelle du pays --telle que reflétée par des facteurs alternatifs comme la consommation d'énergie-- serait en réalité bien moindre.

L'indice PMI des directeurs d'achats calculé par le cabinet indépendant Markit est ainsi tombé en juillet à son plus bas niveau depuis deux ans, traduisant une forte contraction de l'activité manufacturière pour le cinquième mois consécutif.