La crise grecque et les turbulences boursières en Chine ont donné un coup de frein à la spéculation au sein des grandes banques américaines, qui réduisent leurs coûts et reviennent aux activités traditionnelles.

Cinq des six grandes banques du pays ont publié leurs résultats du deuxième trimestre. Il en ressort que les activités de marchés ou spéculatives ne sont pas en forme.

Ce trou d'air vient du FICC ou l'échange des obligations, des devises, des taux et des matières premières, vache à lait des fleurons de Wall Street depuis la crise.

Leurs revenus ont baissé de 10% chez JPMorgan Chase, de 9% chez Bank of America (BofA), de 1% chez Citigroup et ... de 28% chez Goldman Sachs.

«L'incertitude (sur la Grèce) a freiné la dynamique observée au premier trimestre et a conduit les clients à rester sur les côtés», explique Marianne Lake, directrice financière de JPMorgan.

«Et récemment, les investisseurs se sont focalisés sur l'économie chinoise», après la chute de 30% de l'indice de la Bourse de Shanghai, renchérit Harvey Schwartz, son collègue chez Goldman Sachs.

Les grandes banques américaines n'ont qu'une exposition directe évaluée à environ 2 milliards de dollars à la Grèce, selon le régulateur OCC.

Elles subissent le contrecoup qu'a provoqué le casse-tête grec sur les marchés des obligations des États et des entreprises, qui ont semblé moins liquides qu'en début d'année, affirment-elles.

Concrètement, la part des titres de dette changeant de mains a chuté et les transactions sur de gros volumes sont devenues rares parce que la plupart des investisseurs voulaient vendre.

Or les grandes banques, qui mettent en contact vendeurs et acheteurs, ne peuvent plus puiser dans leurs fonds propres pour suppléer au manque de la demande.

La faute à la réforme financière Dodd-Frank, qui les a forcées à réduire la voilure dans cette activité risquée et à spéculer moins avec leur propre argent. Cette dernière règle, baptisée «Volcker Rule», entre en vigueur le 21 juillet.

Les analystes estiment que l'échange d'obligations, qui a longtemps bénéficié de taux d'intérêt bas, va rester sous pression, étant donné qu'un changement de cap monétaire est attendu d'ici la fin de l'année aux États-Unis.

Fin des grosses amendes

Pour préserver leur rentabilité, les grandes banques américaines n'ont actuellement pas d'autre choix que de tailler dans leurs coûts.

Citigroup a baissé de 30% ses dépenses opérationnelles au deuxième trimestre, JPMorgan et BofA de 6%.

Pour ce faire, elles ont supprimé des milliers d'emplois depuis janvier, fermé des agences et cédé des actifs.

Résultats: un bénéfice de 6,3 milliards de dollars pour JPMorgan, 5,73 milliards chez Wells Fargo, 5,32 milliards chez BofA et 4,84 milliards chez Citigroup.

À l'exception de Goldman Sachs, qui a provisionné 1,45 milliard, «les grandes banques semblent avoir mis derrière elles la période des grosses amendes liées aux contentieux de la crise» des crédits immobiliers subprime adossés à des produits complexes, estime le cabinet Zacks Equity Research.

Le retour sur capital (RoE), un des indicateurs de la rentabilité dans le secteur, s'est amélioré dans l'ensemble, même si on est encore loin des niveaux d'avant la crise.

Wells Fargo, premier fournisseur de prêts aux États-Unis, a un RoE à 12,71%. Un RoE en dessous de 10% signifie que la banque ne gagne pas d'argent.

La reprise progressive des prêts, liée à l'amélioration économique et à la reprise de la consommation, s'annonce comme le nouveau relais de croissance, alors que s'essouffle le refinancement des emprunts.

JPMorgan, BofA, Citigroup et Wells Fargo ont fait état d'une hausse des prêts immobiliers et des crédits auto, ce qui est de bon augure au moment où la Fed s'apprête à augmenter ses taux directeurs pour la première fois depuis 2006.

Pour Gregori Volokhine, gérant de portefeuilles chez Meeschaert Financial, ces grandes banques espèrent que cette décision va leur permettre d'augmenter leurs marges d'intérêt nettes.

Autrement dit, la différence entre ce que leur coûte l'argent qu'elles empruntent et le prix qu'elles en tirent lorsqu'elles le prêtent par la suite aux consommateurs et aux entreprises.