Barclays a annoncé mercredi le renvoi surprise de son directeur général, Antony Jenkins, arrivé il y a trois ans à la tête de la banque britannique pour redorer son image après le scandale du Libor.

Le président de la banque, John McFarlane, a été nommé président exécutif et assurera l'intérim en attendant la nomination d'un remplaçant. Cette transition ne débutera officiellement que le 17 juillet, mais M. Jenkins a déjà cessé d'exercer ses fonctions au sein du groupe, a précisé un porte-parole de la banque à l'AFP.

«J'ai réfléchi longtemps sur la question du leadership et en ai discuté avec tous les membres non-exécutifs du conseil d'administration», a expliqué Michael Rake, président adjoint, cité dans un communiqué de Barclays. «En dépit des réalisations importantes d'Antony, il nous est apparu à tous qu'un nouvel éventail de compétences était nécessaire pour la période à venir», a-t-il ajouté.

Barclays, l'un des quatre géants bancaires de la City (aux côtés de HSBC, Lloyds et Royal Bank of Scotland) met ainsi fin abruptement à la direction de M. Jenkins, trois jours avant le 54e anniversaire de ce Britannique qui avait commencé sa carrière dans cette banque il y a plus de 30 ans.

«Je suis devenu directeur général à l'été 2012 à un moment particulier pour Barclays. Il est facile d'oublier à quel point les choses allaient mal il y a trois ans, pour notre secteur en général et encore plus pour nous», a souligné M. Jenkins pour sa part.

À l'été 2012, la banque était secouée par le scandale de manipulation du taux interbancaire Libor, qui l'avait contrainte à payer une amende de 290 millions de livres (575 millions de dollars au taux de change actuel) aux régulateurs britanniques et américains et poussé vers la sortie le prédécesseur de M. Jenkins, le haut en couleur Bob Diamond.

Banque d'investissement contre banque de détail 

«Je suis fier que nous ayons défini notre culture à travers un certain nombre de valeurs partagées au sein du groupe. Les progrès que nous avons accompli depuis et les mesures difficiles que nous avons prises ont tous été réalisés à l'aune de ces valeurs», a assuré M. Jenkins.

La banque a en effet sévèrement taillé dans ses effectifs sous l'ère Jenkins, supprimant plus de 19 000 emplois, dont une bonne part dans la division de banque d'investissement.

«Sous M. Jenkins, Barclays a diminué le poids de la banque d'investissement en son sein, au profit de la banque de détail» dont venait ce directeur général, a expliqué Keith Bowman, analyste chez Hargreaves Lansdown Stockbrokers, pour qui Barclays est désormais «à la croisée des chemins».

«Le manque d'expérience de M. Jenkins dans la banque d'investissement pourrait être une des raisons de l'annonce d'aujourd'hui, la banque ayant désormais besoin d'un dirigeant plus complet», a ajouté M. Bowman.

Le groupe a donné peu de détail sur la stratégie qu'il allait adopter dans les mois et années à venir.

Son président exécutif John McFarlane a néanmoins expliqué que la banque devait «améliorer les revenus, la maîtrise des coûts et la performance capitalistique» tout en gérant son administration de façon à devenir «plus mince et plus agile».

Le groupe n'en a de surcroît pas terminé avec les affaires. En mai dernier, il a encore écopé de diverses pénalités totalisant 2,4 milliards de dollars, infligées par les autorités britanniques et américaines pour son implication dans un retentissant scandale de manipulation sur le marché des changes concernant aussi d'autres banques internationales.

Les investisseurs réagissaient plutôt bien à la nouvelle du départ de M. Jenkins, qui suit de peu des changements de direction à la tête de deux autres grandes banques européennes - Credit Suisse et Deutsche Bank. Le titre Barclays bondissait de 3,25%, atteignant 260,35 pence vers 6 h 50.