L'Italie a créé près de 200 000 nouveaux emplois à durée indéterminée en avril, soit +41% sur un an, un mois après le lancement d'une réforme controversée du marché du travail, le Jobs act, a annoncé jeudi le ministère du Travail.

«Cette hausse en avril est vraiment significative», a fait valoir cette semaine devant la presse étrangère, Roberto Monduci, responsable des statistiques sur l'Économie auprès de l'Istat, l'institut national des statistiques.

Le Jobs act, une loi ardemment défendue par le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, mais rejetée par les syndicats et une partie de la gauche, est en vigueur depuis le mois de mars.

Elle prévoit notamment la possibilité de licencier plus facilement un salarié, au moins pendant les trois premières années, et accorde pendant cette même période des exemptions de charges sociales aux entreprises qui embauchent.

Les «frondeurs» de la gauche du Parti démocrate de Matteo Renzi se sont vivement opposés à l'adoption de cette loi, finalement votée en décembre après que le gouvernement a posé la question de confiance sur ce texte.

En dépit de cette hausse des créations d'emploi, certains experts se montrent sceptiques sur son efficacité à long terme, et juge la mesure très coûteuse.

Les exemptions de charges coûteront au moins 15 milliards aux contribuables italiens, a ainsi expliqué, Michele Tiraboschi, professeur de droit du travail à l'université de Modène et expert auprès de l'Adapt, un centre de recherches sur le marché du travail.

De plus, les incitations fiscales concernent toutes les formes d'emploi, que ce soit le contrat à durée déterminée ou la transformation d'un emploi précaire en emploi à durée indéterminée. Cette «largesse» ne permet pas d'inciter vraiment à la création de nouveaux emplois, fait valoir cet expert, devant la presse étrangère.

«Cette mesure va perdre de sa force et ne permettra pas de récupérer le niveau d'emploi d'avant crise» dans un pays où le chômage des jeunes dépasse les 40%, a-t-il encore jugé.

Le succès du Jobs act est surtout politique pour Matteo Renzi, dans un pays où tous les gouvernements de droite, y compris celui, libéral, de Silvio Berlusconi, ne sont jamais parvenus à réformer le marché du travail, selon M. Tiraboschi.

La France s'est inspiré du modèle italien en proposant cette semaine un Small business act, qui prévoit des primes à la première embauche et un plafonnement des indemnités en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse.