La situation de la Grèce devient «dangereuse» et va de nouveau s'imposer jeudi au sommet des dirigeants de l'UE, où le premier ministre Alexis Tsipras plaidera sa cause alors que l'impasse dans les discussions sur le sauvetage du pays ravive le risque d'une sortie de la zone euro.

Les chefs d'État et de gouvernement débattront aussi des sanctions économiques contre la Russie, mais devraient renvoyer au mois de juin leur décision sur leur prolongation, en fonction de l'évolution du conflit en Ukraine.

La Grèce ne figure pas officiellement à l'agenda du sommet, mais «c'est le sujet dont tout le monde parle», souligne une source européenne.

Le président du Conseil, Donald Tusk, a organisé une rencontre jeudi soir entre le premier ministre Alexis Tsipras, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, a annoncé un porte-parole.

Elle réunira également les présidents de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Les négociations sur les réformes exigées d'Athènes pour le déblocage d'une aide vitale semblent totalement bloquées. Le premier ministre de gauche radicale a donc obtenu de porter la discussion au plus haut niveau politique.

La Grèce doit faire face à des échéances de remboursement dans les prochains jours. Mais les caisses sont presque vides. Athènes demande donc le versement de la dernière tranche du plan de quelque 240 milliards d'euros dont elle bénéficie depuis 2010, soit un peu plus de 7 milliards. Elle souhaite notamment que la BCE débourse rapidement 1,9 milliard d'euros correspondant à des intérêts sur des obligations.

En attendant, l'institution de Francfort a décidé de relever de 400 millions d'euros le plafond de son financement d'urgence (ELA) des banques grecques, à près de 70 milliards.

«Le temps presse»

L'inquiétude devient palpable sur les risques d'une sortie de la Grèce de l'euro, volontaire ou par accident.

La situation est «dangereuse», a estimé jeudi matin le président du Parlement européen, Martin Schulz, à la radio publique Deutschlandfunk. «Le temps presse, je pense que le gouvernement doit enfin se bouger», a-t-il ajouté en soulignant que «les possibilités de la banque nationale grecque sont presque épuisées».

Mercredi, M. Juncker s'était déjà dit «inquiet». «Je voudrais que les uns et les autres se ressaisissent», avait-il ajouté. Pour le ministre allemand des Finances, le conservateur Wolfgang Schäuble, «le temps est compté».

C'est dans ce contexte tendu que le gouvernement grec a fait voter mercredi, avec le soutien de l'opposition, une loi pour aider les plus durement touchés par la «crise humanitaire».

Alexis Tsipras avait déjà provoqué des haussements de sourcils mardi en annonçant qu'il se rendrait à Moscou début avril, alors que les relations entre l'UE et la Russie sont au plus bas.

Les 28 doivent justement discuter jeudi soir des lourdes sanctions imposées à Moscou en juillet après l'écrasement du Boeing de la Malaysia Airlines.

Selon un haut responsable européen, ils devraient insister sur le «lien très fort» entre les sanctions et la mise en oeuvre complète des accords de paix de Minsk, qui ont permis l'instauration d'un fragile cessez-le-feu.

L'idée est de prolonger les sanctions jusqu'à la fin de l'année, pour coller au calendrier des accords de Minsk. Mais les chefs d'État et de gouvernement ne devraient pas prendre de décision, la renvoyant à leur prochain sommet en juin. C'est «l'option la plus probable», a indiqué un diplomate européen.

L'UE va aussi préparer un «plan d'action» pour contrecarrer les «campagnes de désinformation de la Russie» sur le conflit en Ukraine, selon le projet de conclusions du sommet. L'idée est de monter une équipe à Bruxelles pour faire une «veille» des médias russes, repérer les «mensonges flagrants» et informer les États membres, auxquels il revient d'agir, a précisé une source européenne.