Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a fait monter les enjeux dimanche à la veille d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles, en évoquant la possibilité de nouvelles élections, voire même d'un référendum sur un accord sur la dette.

Si les ministres de la zone euro n'acceptent pas les principales réformes proposées par la Grèce pour débloquer la prochaine tranche de l'aide dont elle a cruellement besoin, «il pourrait y avoir des problèmes», a averti M. Varoufakis dans un entretien publié dimanche par le Corriere della Serra.

«Nous pouvons revenir à des élections. Organiser un référendum, a-t-il déclaré. Comme me l'a dit notre premier ministre, nous ne sommes pas encore collés à nos sièges».

La Grèce avait déjà menacé d'un référendum sur le plan de sauvetage en novembre 2011, provoquant un mouvement de panique sur les marchés financiers et la colère de ses partenaires européens, ce qui avait entraîné la chute du premier ministre George Papandreou.

Les partenaires de la Grèce ont consenti la semaine dernière à prolonger de quatre mois leur programme d'aide au pays mais indiqué que les fonds dus à ce titre - quelque 7 milliards d'euros - ne seraient pas versés avant avril, date à laquelle ils veulent juger de l'avancée de réformes promises par le gouvernement d'Alexis Tsipras.

La Grèce fait toutefois face à d'importantes échéances financières en mars, notamment à l'égard du fonds monétaire international (FMI), qu'elle aura du mal à honorer.

Dans son entretien au premier quotidien italien, M. Varoufakis a réaffirmé que la Grèce ne souhaitait pas de nouveau prêt, refusant de «revenir à un mécanisme de prêts en échange d'un programme de réformes à respecter».

Il a par ailleurs accusé l'Union européenne de mettre à mal les efforts de la Grèce pour sortir clairement de la récession en entretenant auprès des investisseurs la menace d'une sortie du pays de la zone euro.

«La Grèce n'est pas retombée en récession, pour la simple raison qu'elle n'en est jamais sortie», a-t-il dit. «Qui investira en Grèce s'ils entendent continuellement parler de Grexit, notre sortie de la zone euro?», a-t-il ajouté en dénonçant une rhétorique «toxique».

Ces déclarations du ministère grec des Finances interviennent alors que le patron de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont tenu des propos conciliants cette fin de semaine à l'égard de la Grèce.

Selon Athènes, M. Djisselbloem a répondu «de manière positive», à la lettre de Yanis Varoufakis détaillant les premières réformes que son gouvernement entend mettre en oeuvre en priorité, et qui vont de la réactivation d'un conseil fiscal «indépendant» pour assister le gouvernement à des mesures sociales pour les plus vulnérables en passant par l'embauche de contrôleurs fiscaux amateurs pour des missions ponctuelles en caméra cachée...

Jean-Claude Juncker a quant à lui appelé «tout le monde», au sein de l'UE, à comprendre la gravité de la situation sociale en Grèce, dans un entretien dimanche au journal allemand Die Welt.

«Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m'inquiète, c'est que tout le monde n'a pas encore compris, au sein de l'Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce», a insisté M. Juncker.