La croissance de la production manufacturière chinoise a progressé en octobre à son plus fort rythme depuis trois mois, a annoncé lundi HSBC, sans désamorcer les inquiétudes sur la vigueur de la deuxième économie mondiale.

L'indice PMI des directeurs d'achat calculé par la banque britannique s'est établi pour octobre à 50,4, au plus haut depuis juillet, contre 50,2 en septembre.

Ce résultat --identique à l'indice provisoire publié le 23 octobre-- ne témoigne toutefois, selon HSBC, que d'une «amélioration marginale de la santé du secteur».

Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.

«L'économie (chinoise) montre toujours des signes évidents d'affaiblissement de la demande», a d'ailleurs commenté Qu Hongbin, économiste chez HSBC, cité dans un communiqué.

Et de détailler: «Les incertitudes persistent en raison du fort retournement du marché immobilier», un pilier de la croissance chinoise, «et du ralentissement de la reprise de l'économie mondiale».

L'indice PMI officiel publié samedi par le gouvernement s'était quant à lui établi à 50,8 pour octobre, donc en deçà des 51,1 dévoilés en septembre -- suggérant donc, à l'inverse de HSBC, un ralentissement de la croissance de la production manufacturière chinoise.

Mais malgré leur légère divergence, «ces deux indices PMI reflètent tous deux une morosité persistante de la demande intérieure et suggèrent un nouveau ralentissement de la croissance économique au quatrième trimestre», a observé Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

La Chine a annoncé le mois dernier un net ralentissement de la croissance de son PIB au troisième trimestre, à 7,3% après 7,5% au trimestre précédent.

Il s'agit de la croissance la plus faible enregistrée par la Chine depuis la crise financière de 2008-2009.

Pékin table sur une croissance d'environ 7,5% pour 2014, mais un nombre croissant d'analystes estiment que cet objectif sera difficile à tenir, alors que la consommation est à la peine et que le secteur immobilier n'en finit pas de s'effriter.

Les indices manufacturiers montrent que la croissance devrait encore «s'essouffler» davantage au fil du quatrième trimestre, ont ainsi averti les experts de Barclays -- en dépit d'une reprise de la production industrielle en septembre.

Pour autant, dans le détail, «les indices PMI suggèrent que le marché du travail et la demande internationale restent solides», a tempéré M. Evans-Pritchard.

L'emploi est l'une des priorités affichées par le gouvernement, qui s'est récemment félicité d'un nombre de créations d'emploi supérieur à celui de 2013 pour les neuf premiers mois de 2014.

Mais face à l'assombrissement persistant de la conjoncture, «on peut s'attendre à ce que les autorités musclent leurs mesures d'assouplissement monétaire et budgétaire» destinées à stimuler l'activité, estimait-on chez HSBC.

Pékin avait adopté au printemps «un mini-plan de relance» --dont des réductions fiscales-- aux effets cependant fort limités.

La banque centrale a ensuite procédé ces deux derniers mois à de vastes injections de liquidités dans des établissements bancaires --mesures susceptibles de doper le crédit aux entreprises--, et les conditions d'obtention de prêts immobiliers ont été assouplies pour aider les ventes de logements.

Les dirigeants excluent toutefois tout plan de relance de grande ampleur, pour ne pas mettre en péril leur «rééquilibrage» du modèle économique chinois.

Ils entendant notamment rogner les monopoles des groupes publics, diminuer les surcapacités dans l'industrie, et endiguer drastiquement les dettes publiques-- quitte à voir la croissance se modérer quelque peu.