Pékin va injecter 500 milliards de yuans dans de grandes banques selon un média local, ce qui devrait représenter --estimaient mercredi des analystes-- la première d'une nouvelle série de mesures de relance pour enrayer le ralentissement de la deuxième économie mondiale.

Le portail d'informations en ligne Sina a rapporté tard mardi, en citant des sources dans les institutions financières, que la banque centrale chinoise (PBOC) allait injecter l'équivalent de 63 milliards de dollars dans les cinq plus grosses banques du pays --toutes contrôlées par l'État.

La PBOC n'a pas confirmé cette injection de liquidités, dont l'annonce par Sina.com puis par une agence d'informations financières a contribué à faire grimper les places boursières américaines mardi, puis la Bourse de Hong Kong mercredi.

L'information était par ailleurs abondamment commentée mercredi par les analystes, qui y voyaient un premier signal.

«Pékin va introduire une nouvelle tranche de mesures d'assouplissement (monétaire) et de relance dans les prochaines semaines pour renforcer la confiance (des acteurs économiques) et stabiliser à nouveau la croissance», a observé Lu Ting, de Bank of America Merrill Lynch.

Dans le détail, ICBC, Bank of China, China Construction Bank, Agricultural Bank of China and Bank of Communications vont chacune recevoir 100 milliards de yuans en l'espace de trois mois, à travers une facilité de crédit de la PBOC destinée à ajuster la liquidité sur le court terme, ont expliqué Sina et plusieurs analystes.

«Une telle décision montre que les dirigeants chinois ont été sensibles au net assombrissement des indicateurs d'activité en août, et cela est en ligne avec nos prévisions d'assouplissements accrus de la politique monétaire», ont souligné les experts de Nomura.

La production industrielle chinoise a ainsi marqué en août un brutal ralentissement --à son plus bas rythme de progression depuis 5 ans-- et les importations ont reculé, confirmant un essoufflement de l'activité susceptible de menacer l'objectif de croissance économique annuelle de 7,5% fixé par Pékin.

La croissance du PIB chinois avait déjà ralenti à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois, poussant les autorités à adopter plusieurs mesures de relance --exemptions fiscales, assouplissements ciblés pour encourager les prêts aux petites entreprises-- mais celles-ci semblent avoir fait long feu.

Certains analystes se montraient cependant sceptiques sur l'impact de ces injections de liquidités par la PBOC, qui ne convainquaient pas non plus la Bourse de Shanghai --en légère baisse mercredi à la mi-séance.

«Le soutien aux investissements des entreprises et à l'économie réelle sera relativement limité, alors que le repli du marché immobilier continue de s'aggraver, que les capacités excédentaires (dans l'industrie) s'accumulent et que la conjoncture reste sombre», avertissait Wang Tao, économiste de la banque UBS.

Les experts de Goldman Sachs, pour leur part, misaient sur «un assouplissement modéré» de la politique monétaire à venir, mais toujours avec des mesures ciblées.