Le commissaire européen à l'Énergie Günther Oettinger a avancé lundi un plan de route pour régler le conflit gazier qui oppose Kiev et Moscou et voit «une bonne chance» d'arriver à un accord d'ici le 1er juin.

«Nous avons bien avancé, nous avons une bonne chance d'arriver à un accord d'ici le 1er juin», a dit M. Oettinger à l'issue de négociations à Berlin avec les ministres de l'Énergie russe Alexandre Novak et ukrainien Iouri Prodan, lors d'une conférence de presse.

Moscou menace de couper début juin le gaz à l'Ukraine si Kiev, exsangue financièrement, ne règle pas ses impayés, soit plus de 3 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros) et ne paie pas les livraisons de juin à l'avance (1,66 milliard de dollars soit 1,2 milliard d'euros).

Les deux capitales ont jusqu'à mercredi soir pour accepter les termes d'un compromis qui verrait l'Ukraine payer dans un premier temps 2 milliards de dollars au fournisseur russe Gazprom, a précisé M. Oettinger, et ce dès jeudi. Ce paiement concernerait une partie des arriérés accumulés par l'Ukraine envers Gazprom, pour les livraisons impayées depuis novembre 2013.

S'il est validé des deux côtés et effectué à temps, les négociations reprendront vendredi sur le prix du gaz applicable aux livraisons futures. Là aussi, «je pense qu'un accord est possible», a dit M. Oettinger.

Dans un deuxième temps, le groupe gazier ukrainien Naftogaz paierait 500 millions de dollars à Gazprom le 7 juin, selon les termes de l'accord préliminaire élaboré lundi.

«L'Ukraine est prête à payer entièrement sa dette», a affirmé M. Prodan. Toutefois, «aucune décision n'a été prise» sur la proposition faite lundi, a-t-il dit, s'affichant moins optimiste que M. Oettinger. «Malheureusement, le côté russe n'a avancé aucune proposition», a-t-il déploré, soulignant que le plan élaboré avait été proposé par la Commission européenne.

«Il y a encore de nombreuses questions en suspens», a dit pour sa part M. Novak.

«Nous avions l'objectif commun d'assurer la sécurité d'approvisionnement de l'Union européenne après le 1er juin, d'éviter les interruptions», a déclaré M. Oettinger.

Environ un quart du gaz à destination des pays européens transite par l'Ukraine. Moscou a déjà coupé le gaz à l'Ukraine lors de conflits bilatéraux, et par là le flux d'exportation vers l'Europe.

Après un hiver clément, les stocks de gaz sont confortables en Europe mais la perspective d'une fin des livraisons à l'Ukraine est néanmoins une grosse source d'inquiétude.

La chancelière Angela Merkel a déclaré lundi que trouver une solution au volet énergétique du conflit entre la Russie et l'Ukraine était «très, très important», alors même que Moscou a annoncé être prêt au dialogue avec le nouveau président ukrainien élu dimanche, Petro Porochenko.

Après la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch en février et l'arrivée au pouvoir de nouvelles autorités pro-européennes, la Russie a mis fin aux réductions qu'elle accordait à l'Ukraine. Le prix du gaz russe appliqué à l'Ukraine a été porté à 485 dollars pour 1000 mètres cube, l'un des plus élevés d'Europe. En moyenne, les pays de l'UE paient entre 350 et 400 dollars les 1000 mètres cube.

La Russie «est prête à continuer les négociations sur le prix des livraisons futures», a précisé M. Novak, et notamment sur de nouveaux rabais, mais seulement «quand nous aurons été payés».