Soixante-quatorze économistes de différentes nationalités ont signé un manifeste pour critiquer l'austérité et réclamer des politiques compatibles avec la croissance au Portugal, apportant leur soutien à ceux qui défendent une restructuration de la dette publique.

«L'austérité a aggravé la récession, a fait augmenter la dette publique et a entraîné une souffrance sociale, provoquée par une baisse des pensions et des salaires», affirment ces économistes d'une vingtaine de nationalités dans ce manifeste publié jeudi par le quotidien de référence Publico.

Le Portugal, sous assistance financière internationale depuis mai 2011, a mis en oeuvre un programme d'une rigueur draconienne afin d'assainir ses finances.

«Il est temps de changer de politique», écrivent les signataires, qui expriment par ailleurs leur inquiétude sur les conséquences de la rigueur en Europe dans ce texte intitulé: «Restructurer la dette insoutenable et promouvoir la croissance en rejetant l'austérité».

La publication de ce texte intervient après la signature la semaine dernière d'un manifeste par soixante-dix personnalités portugaises de gauche et de droite en faveur d'une «restructuration responsable» de la dette publique «dans le cadre institutionnel européen».

La dette du Portugal a atteint 129% du PIB fin 2013, mais devrait amorcer une décrue cette année, selon les prévisions du gouvernement. Les signataires portugais proposaient d'appliquer une décote sur la partie de la dette dépassant les 60% du PIB et d'allonger la maturité des prêts «à 40 ans ou plus».

Leur appel a reçu le soutien des économistes internationaux qui affirment soutenir «les efforts de ceux qui au Portugal proposent une restructuration de la dette publique» et défendent un remboursement «compatible avec une stratégie axée sur la croissance, l'investissement et la création d'emplois».

Parmi les signataires figurent notamment Mark Blyth, professeur d'économie politique internationale à l'université Brown aux États-Unis, l'ancien ministre des Finances colombien José Antonio Ocampo, la Britannique Stephany Griffith-Jones, auteure de nombreuses publications sur le système financier international ou encore Mauro Napoletano de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le premier ministre portugais Pedro Passos Coelho (centre droit) avait condamné la semaine l'initiative des personnalités portugaises, estimant qu'elle envoyait un message erroné, alors que le pays tente de regagner la confiance des marchés, avant la sortie de son plan d'aide prévue le 17 mai.