Le gouvernement grec a déposé lundi au Parlement l'avant-projet de loi pour le budget 2014 qui table sur la fin de récession, une spirale infernale dans laquelle le pays est plongé depuis six années consécutives.

«Nous prévoyons la sortie de la récession en 2014», et une croissance «à 0,6%», a annoncé le vice-ministre des Finances Christos Staïkouras à la presse, en présentant les prévisions budgétaires de 2014.

Pour cette année, le gouvernement prévoit une contraction de 4% du PIB. Lors de l'élaboration du budget 2013 il y a un an, l'exécutif avait déjà anticipé un retour de la croissance pour cette année, avant d'être contraint de réviser ses ambitions.

Apparue lors de la crise des banques en 2008, la récession en Grèce s'est enracinée avec l'éclatement de la crise de la dette en 2010.

Depuis cette date, l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont placé le pays sous assistance financière, en échange de plans d'austérité draconiens, pour prévenir une faillite qui menaçait la survie même de l'euro.

Ayant bénéficié de lignes de crédit de plus de 240 milliards d'euros, la Grèce a ainsi procédé à des coupes drastiques dans les salaires et les retraites et à l'augmentation des impôts et des taxes, avec des retombées importantes sur le pouvoir d'achat et la courbe du chômage, qui a plus que triplé depuis 2010.

Au total, la contraction du PIB cumulée depuis 2008 s'élève à plus de 22%.

«Les sacrifices du peuple grec après une période douloureuse portent leurs fruits, nous avons les premiers indices de sortie de la crise en 2014», s'est réjoui M. Staïkouras, soulignant que le pays enregistrera un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) pour 2014 à 2,8 milliards d'euros, soit 1,6% du PIB.

«La Grèce devrait pour la première fois atteindre un léger excédent primaire en 2013, c'est-à-dire hors charge du service de la dette, à 340 millions d'euros», a-t-il souligné.

La réalisation de cet excédent est impérative pour que le pays puisse entamer des négociations avec ses créanciers sur l'allègement de sa dette, selon l'accord conclu avec ces derniers lors du sommet européen de novembre 2012.

Pas de nouveaux impôts

Autre signe d'une amélioration de l'économie du pays, selon le gouvernement: la dette devrait enregistrer une légère baisse en 2014, à 319,4 milliards d'euros soit 174,5% du PIB contre 321 milliards en 2013.

«Pour la première fois, il est prévu que la dette, en valeur absolue, soit en baisse. Cela est dû surtout à l'excédent budgétaire et à la réduction des dépenses», a expliqué M. Staïkouras.

Le déficit public pour 2014 est prévu à 4,3 milliards d'euros, soit 2,4% du PIB, au même niveau qu'en 2013.

Le gouvernement de coalition droite-socialistes dirigé par le premier ministre conservateur Antonis Samaras est également optimiste sur le taux de chômage qui devrait baisser en 2014 à 26% contre 27% prévue en 2013.

Mais même si la stabilisation de l'économie se confirme en 2014, les bénéfices n'en seront pas perçus tout de suite par la population, estiment les observateurs.

«Le scénario le plus mauvais serait que les créanciers exigent de la Grèce de nouvelles mesures d'austérité», dans une société exsangue, estime une source européenne à Athènes, alors qu'un trou budgétaire est prévu à la mi-2014, estimé à plus de 10 milliards d'euros, selon le FMI.

«Cela donne une dernière occasion au populisme et à l'extrémisme de tenter de faire dérailler tous les progrès que nous avons réalisés», déclarait récemment le premier ministre.

L'offensive en cours contre le parti néo-nazi Aube dorée, dont le chef et cinq députés ont été inculpés de participation à une «organisation criminelle», ne résout pas la question du désarroi d'une partie des électeurs.

Mais M. Staïkouras a réitéré qu'il n'y aurait pas «de nouveaux impôts» alors que les recettes publiques devraient enregistrer une augmentation de 4,6% par rapport à 2013, à 54,5 milliards d'euros.

Le projet de budget définitif sera présenté en novembre.