L'épilogue de la réforme des retraites se dessine : le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, devrait s'adresser aux Français dimanche à ce sujet, à la veille d'ultimes rencontres avec les partenaires sociaux sur ce dossier susceptible de plomber le climat social.

C'est la dernière ligne droite pour le gouvernement qui compte ramener le système des retraites à l'équilibre d'ici 2020, année où le déficit, tous régimes confondus, pourrait s'élever à plus de 20 milliards d'euros si rien n'est fait.

Une chose est sûre : l'âge légal de départ à la retraite fixé à 62 ans par la réforme contestée de Nicolas Sarkozy en 2010, ne bougera pas.

Le gouvernement s'y est engagé, soucieux de rassurer l'opinion sur un sujet traditionnellement source de crispation et dont la gauche s'empare pour la première fois.

François Hollande s'est lui-même employé à calmer les inquiétudes, affirmant à plusieurs reprises qu'il voulait une réforme «juste», faisant porter les efforts sur tous (actifs, entreprises et retraités), même s'il reste à «trancher» dans quelles proportions, selon une source gouvernementale.

Jean-Marc Ayrault pourrait faire de même en s'adressant aux Français dimanche soir lors de son intervention très attendue sur France 2.

Ensuite, il recevra lundi et mardi les représentants de huit syndicats et de trois organisations patronales à tour de rôle à Matignon pour recueillir leurs avis, avant de procéder aux derniers ajustements.

Le projet de loi devrait être officiellement présenté «cette semaine ou celle d'après», selon une source gouvernementale, afin de pouvoir être examiné par le Conseil d'Etat dans les délais, pour un passage au Conseil des ministres le 18 septembre.

Manifestations et arrêts de travail

L'idée d'une hausse de la CSG pour financer les retraites, jugée «cohérente» par la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a été mise à mal ces derniers jours par le débat sur le «ras-le-bol fiscal» des Français.

Un point de CSG supplémentaire rapporte 12,3 milliards d'euros et représente 13 euros en moins par mois pour un salarié au SMIC. Selon des informations de presse, la hausse se limiterait à 0,2 ou 0,5 point.

S'il maintient cette option, le gouvernement va devoir faire preuve de pédagogie, à l'heure où Bruxelles, par la voix du commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, estime que la France doit «absolument» éviter d'augmenter des impôts parvenus à  «un seuil fatidique».

Pour trouver les 7 milliards d'économies nécessaires au régime général (salariés du privé), la hausse des cotisations salariales et patronales est jugée «plus logique» par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

Mais le Medef n'en démord pas: il rejette toute nouvelle charge pour les entreprises en période de crise et réclame un allongement de la durée de cotisation à 43 ans et un recul de l'âge légal à 63 ans dès 2020.

Avant même la fin des discussions, les organisations les plus contestataires (CGT, FO, FSU et Solidaires) ont appelé à une journée de mobilisation, dont la date a été arrêtée au 10 septembre.

«Il y aura des manifestations sur tout le territoire et il y aura des arrêts de travail», a prévenu Jean-Claude Mailly, le numéro un de Force ouvrière.

Toutefois, contrairement à 2010, le front syndical n'est pas uni.

La CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ont choisi d'attendre de connaître le projet gouvernemental, espérant faire passer leurs propositions relatives aux métiers pénibles, aux femmes ou aux jeunes.

Quoi qu'il en soit, l'ampleur de cette journée d'action, une semaine après la rentrée des classes, aura valeur de test pour l'exécutif.

Au coeur de la contestation syndicale: l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein et fixée actuellement à 41,5 ans pour la génération 1956.

C'est une mesure «juste» pour François Hollande, une piste «évidente» pour le ministre du Travail, Michel Sapin, mais on ignore encore à quel rythme procèdera le gouvernement, pour des gains qui de toute façon ne seront pas immédiats.

Le rapport Moreau remis en juin évoque un trimestre de plus tous les 3 ou 4 ans, aboutissant à 44 ans de cotisation pour la génération 1989.