Le gouvernement portugais de centre droit, affaibli par une crise politique en juillet, est de nouveau en difficulté après la démission mercredi du secrétaire d'État au Trésor, soupçonné d'avoir tenté il y a plusieurs années de maquiller les comptes du pays.

Joaquim Pais Jorge, nommé il y a à peine quelques semaines secrétaire d'État au Trésor, a été très vite rattrapé par son passé de haut responsable de la banque américaine Citibank au Portugal de 1990 à 2009.

Selon l'hebdomadaire «Visao», le premier à évoquer l'affaire, il aurait participé en 2005 à des discussions avec des responsables du gouvernement socialiste de l'époque pour leur proposer des contrats «swaps» qui auraient pu permettre à l'État de faire apparaître dans sa comptabilité une dette publique réduite de 370 millions d'euros en 2005 et de 450 millions d'euros en 2006.

La banque Goldman Sachs avait signé au début des années 2000 des contrats de ce genre avec la Grèce pour l'aider à abaisser son niveau de déficit public.

Dans un premier temps, M. Pais Jorge a nié avoir participé à des discussions et affirmé qu'il n'avait eu aucune responsabilité dans l'élaboration des contrats que le gouvernement socialiste a de toute façon refusés.

Mais la télévision privé Sic Noticias a récemment révélé l'existence d'une proposition écrite de la Citibank à l'Agence portugaise de la dette dans laquelle M. Pais Jorge apparaît comme l'un des principaux négociateurs.

M. Pais Jorge a alors confirmé avoir participé aux discussions tout en rejetant toute responsabilité dans les contrats proposés.

Même si le ministère des Finances a tenté de voler à son secours en affirmant que la révélation de Sic était «un faux», M. Pais Jorge a préféré démissionner pour éviter que l'affaire ne prenne encore plus d'ampleur.

Démissions successives

S'estimant diffamé, il a ainsi indiqué dans sa lettre de démission qu'il renonçait à son poste afin d'empêcher que les «controverses autour de son parcours professionnel puissent être utilisées (...) contre le gouvernement».

L'affaire est intervenue alors que le Portugal, sous assistance financière internationale depuis mai 2011, vient à peine de sortir d'une crise politique qui a contribué à affaiblir sa crédibilité tant auprès de ses créanciers internationaux que de son opinion publique.

M. Pais Jorge avait été nommé secrétaire d'État au Trésor dans le cadre d'un récent remaniement ministériel, destiné à apaiser la crise déclenchée début juillet par les démissions successives de deux ministres clés.

Il avait été choisi par Maria Luis Albuquerque qui avait remplacé aux Finances Vitor Gaspar, principal architecte de la politique d'austérité que le Portugal applique en contrepartie du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros (103,6 milliards de dollars), accordé en mai 2011.

Mme Albuquerque, elle aussi confrontée à un problème lié à des contrats «swaps» lorsqu'elle était à la tête d'une entreprise publique avant d'entrer au gouvernement. De plus, elle doit trouver une solution à ceux que des entités publiques ont signés avec diverses banques alors que les socialistes étaient encore au pouvoir.

La démission de M. Pais Jorge risque donc d'affaiblir encore plus la ministre, déjà très critiquée pour vouloir suivre la politique de rigueur de son prédécesseur.

L'opposition de gauche a profité de la controverse autour du secrétaire d'État au Trésor pour monter au créneau. Sa principale formation, le Parti socialiste, qui a jugé «tardive mais inévitable» la démission de M. Pais Jorge, a pressé le premier ministre Pedro Passos Coelho de dire si «l'équipe» du ministère des Finances méritait toujours sa confiance.

De son côté, l'extrême gauche a réclamé la démission de l'ensemble du gouvernement.