La ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino prend «très au sérieux l'ouverture de François Hollande», qui a promis jeudi de prendre une «initiative» pour sortir l'Europe de sa «langueur», affirme-t-elle dans une entrevue publiée dimanche.

«De cette manière s'ouvre un espace pour discuter et voir si nous voulons une Europe intergouvernementale» ou alors «si nous la voulons fédérale», déclare l'ex-commissaire européenne au quotidien de référence italien Il Corriere della Sera.

«C'est une position qui est la mienne historiquement», dit-elle à propos de l'Europe fédérale, « mais aussi celle de l'Italie, étant donné que le président (du Conseil) Enrico Letta a parlé d'États-Unis d'Europe au moment du vote de confiance» du nouveau gouvernement.

Il ne s'agit pas d'«une fuite en avant», en tous les cas pas si «on reconnaît que l'Europe se trouve dans une situation insoutenable», dit-elle. «Avoir les comptes en règle est important (...) mais les coûts économiques sont élevés (pour tous, y compris bientôt l'Allemagne) et à ceux-ci s'ajoutent les coûts politiques, parce que nous assistons au développement de populismes et de l'euroscepticisme».

«Berlin a toujours dit non à une mutualisation s'il n'y pas cession de souveraineté. Prenons l'Allemagne au mot. Si c'est un bluff, mettons-le à découvert», a expliqué Mme Bonino.

Évoquant une «union politique», M. Hollande n'a pas précisé jeudi si celle-ci recouvre un projet fédéral accompagné des transferts de souveraineté comme cela est souhaité par la chancelière allemande Angela Merkel.

«Mon devoir, c'est de sortir l'Europe de sa langueur et de réduire la désaffection des peuples qui ne peut que compromettre l'avenir même de l'Union européenne», a-t-il déclaré, réaffirmant le rôle «indispensable» du moteur franco-allemand .

Il a notamment plaidé pour un «gouvernement économique» de la zone euro, «autour d'un véritable président nommé pour une durée longue».