La chancelière Angela Merkel a rejeté lundi l'idée que l'Allemagne chercherait à exercer une quelconque hégémonie sur l'Union Européenne et promis de chercher le consensus avec ses partenaires.

«L'Allemagne a parfois un rôle compliqué car nous sommes la plus grande économie (européenne)(...) Mais l'Allemagne agira uniquement de concert avec ses partenaires. L'idée d'hégémonie m'est totalement étrangère», a assuré la chancelière, en présence du premier ministre polonais, Donald Tusk, à l'occasion de la présentation à Berlin d'une biographie de celle qui est souvent considérée comme la femme la plus puissante du monde.

Mme Merkel a par ailleurs pointé la nécessité d'une coopération plus étroite en Europe afin de relever les défis de la mondialisation et d'éviter le déclin du vieux continent, rappelant son expérience personnelle en tant que citoyenne de RDA, l'État communiste allemand aujourd'hui disparu.

«Regardez, j'ai vu un pays d'effondrer, la RDA», a-t-elle dit, rappelant que le système économique imposé par l'Union soviétique avait échoué. «Ce que je ne veux vraiment pas, c'est de regarder l'Europe s'effondrer dans son ensemble. Je trouve cela si absurde, nous avons toutes les possibilités en main», a-t-elle dit en marge de la présentation de «La chancelière et son monde», écrit par un journaliste du quotidien Süddeutsche Zeitung, Stefan Kornelius.

Mme Merkel s'est défendue de vouloir imposer à l'Europe une politique d'austérité à tout crin pour sortir de la crise. «On ne crée pas de la croissance en faisant seulement des économies. Je ne suis absolument pas pour que l'on ne fasse qu'économiser. La croissance vient aussi des réformes structurelles, c'est notre expérience en Allemagne», a-t-elle dit.

Et d'appeler à innover pour rester compétitifs. L'Europe représente 8% des habitants du monde entier, 25% du Produit Intérieur Brut (PIB) et 50% des prestations sociales, a-t-elle rappelé. «Si nous voulons garder les prestations sociales, nous devons devenir plus créatifs, plus innovants», a-t-elle ajouté.

Dans de nombreux pays de la zone euro, victimes de la crise de la dette, tels que la Grèce, Chypre, le Portugal, l'Espagne ou l'Italie, des voix se sont élevées contre la politique de rigueur budgétaire et d'austérité préconisée par la chancelière allemande, agrémentées parfois de caricatures d'Angela Merkel avec les moustaches d'Adolf Hitler.

En novembre 2011, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radek Sikorski, avait appelé à Berlin le gouvernement allemand à agir face à la crise de la dette dans la zone euro, dont «l'effondrement» aurait, selon lui, des «conséquences apocalyptiques».

«Vous êtes devenue la nation indispensable de l'Europe», s'était exclamé M. Sikorski, dont le pays n'était, et n'est toujours, pas membre de la zone euro.

Dimanche, Mme Merkel et M. Tusk avaient dîné en compagnie de leurs conjoints respectifs, Joachim Sauer et Malgorzata Tusk. Les racines polonaises du père de la chancelière ont notamment été évoquées, a indiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, lors de la traditionnelle conférence de presse gouvernementale du lundi.