Les pays du G7 ont tenté de déminer mardi les craintes d'une «guerre des monnaies», ravivée par les mesures prises récemment par le Japon, en réaffirmant qu'ils laissaient au marché le soin de fixer librement les taux de change tout en jugeant que leur «volatilité excessive» était négative.

Le club des pays riches a décidé de se fendre d'un communiqué officiel à quelques jours de la réunion vendredi et samedi à Moscou des ministres des Finances du G20, qui rassemble pays riches et émergents, où les craintes d'une course aux dévaluations compétitives vont être au centre des débats.

Réaffirmant leur «engagement de longue date pour des taux de change déterminés par le marché», les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 ont assuré que leurs pays ne se fixeraient pas «d'objectif de taux de change» dans un communiqué publié par le Royaume-Uni, qui assure la présidence du G7 cette année.

«Une volatilité excessive et des mouvements désordonnés dans les taux de change peuvent avoir des implications défavorables pour la stabilité économique et financière», ont par ailleurs réitéré les grands argentiers de ce club qui réunit l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et le Japon.

«Nous continuerons à nous consulter étroitement sur les changes et à coopérer de façon appropriée» et «nos politiques budgétaires et monétaires ont été et resteront orientées vers nos objectifs nationaux respectifs en utilisant des instruments nationaux», ont-ils encore promis.

Les craintes d'une «guerre des monnaies» entre grandes puissances ont été relancées après l'assouplissement monétaire décidé en janvier par la banque centrale du Japon, sous la pression du nouveau gouvernement, pour combattre la déflation et la cherté du yen qui pénalise les exportations.

La publication du communiqué du G7, qui semblait dédouaner les mesures japonaises en n'y faisant aucune référence, a eu pour conséquence initiale une poursuite de l'affaiblissement du yen et de la remontée de l'euro face au dollar.

Le ministre des Finances japonais, Taro Aso, a d'ailleurs salué le ton du texte en soulignant que «les différents pays ont bien compris que la politique monétaire du Japon n'était pas une manipulation des monnaies».

Mais la devise nippone a ensuite amorcé un rebond en raison d'informations de presse citant une source anonyme selon laquelle la politique de la banque centrale du Japon est une source d'inquiétude au sein du G7.

La remontée de l'euro préoccupe fortement la France, qui craint qu'elle ne mine ses efforts de relance de la compétitivité et veut qu'un débat soit ouvert au sein de la zone euro, alors que les États-Unis font eux aussi tourner massivement la planche à billets, ce qui a pour effet de diluer la valeur du billet vert face à l'euro.

Berlin et la Banque centrale européenne (BCE) rejettent toutefois l'idée d'une surévaluation de la monnaie unique.

«Nous devons faire en sorte que les parités ne soient pas utilisées à des fins commerciales», a insisté le président français François Hollande.

Depuis Madrid, le président de la BCE est également intervenu dans le débat en cherchant lui aussi à apaiser les craintes. «Je pense que le terme de 'guerre des devises' est très, très exagéré. Nous n'assistons à rien de la sorte», a-t-il déclaré.

Pour les analystes, ces tentatives d'apaisement risquent dans tous les cas de tourner court. «Tout ce qui a trait» à la guerre des monnaies «semble surinterprété» par le marché et «l'hystérie devrait se poursuivre jusqu'à la réunion du G20», ont commenté ceux de Commerzbank.