Les États-Unis pourraient avoir donné un nouvel élan aux négociations entre le Canada et l'Union européenne (UE) destinées à conclure un traité de libre-échange.

C'est que l'UE souhaite aussi entamer des négociations avec la plus grande économie du monde afin de conclure un traité de libre-échange. Mais Washington a poliment fait comprendre aux négociateurs européens qu'ils doivent d'abord démontrer leur volonté de réduire les barrières au commerce.

Les autorités américaines suivent donc de très près les négociations entre le Canada et l'UE afin de déterminer si de lancer de tels pourparlers en vaut la chandelle pour les États-Unis, selon des informations obtenues par La Presse.

«Les États-Unis veulent évaluer le sérieux de l'Union européenne. Et ils comptent le faire en examinant les négociations en cours entre le Canada et l'Union européenne», a expliqué une source bien au fait des tractations à Washington et à Ottawa.

Le site Inside US Trade a rapporté la semaine dernière que les membres de l'administration Obama hésitent toujours à entreprendre des négociations avec les représentants de l'UE. La raison: on craint de s'enfermer dans des discussions sans fin avec l'UE alors que les négociations entourant le Partenariat transpacifique font partie de la liste des priorités de Washington.

Rencontre à Ottawa

Le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, fera d'ailleurs une visite officielle de deux jours à Ottawa à partir de demain afin de rencontrer le ministre du Commerce international, Ed Fast. Cette rencontre devrait permettre de donner une nouvelle impulsion aux négociations entre le Canada et l'UE, qui n'ont pas progressé depuis la dernière visite de M. Fast à Bruxelles, en novembre.

Des deux côtés de l'Atlantique, on envisageait un accord formel avant la fin de 2011 avant de reporter tout accord à la fin de 2012. Depuis, on n'ose plus évoquer d'échéancier. «Il n'y aura pas d'accord conclu au terme de la rencontre de cette semaine. On veut continuer à faire des progrès», a indiqué à La Presse une source qui a requis l'anonymat.

Malgré les nombreuses rondes de négociations, il reste encore quelques différends à aplanir avant de conclure un accord. Les principaux sujets en litige demeurent l'accès aux appels d'offres des provinces et des municipalités, les droits de propriété intellectuelle, notamment les indications géographiques, les règles d'origine, ainsi que les exportations de boeuf, de porc, de volaille et de produits laitiers.

Mais avant d'atterrir à Ottawa, M. de Gucht se rendra à Washington afin de mettre la dernière touche au rapport commun UE-États-Unis permettant d'évaluer les avantages et les retombées économiques d'un accord de libre-échange. Les autorités européennes pressent l'administration Obama de publier les résultats de cette étude afin d'entreprendre les négociations. Le rapport devait être rendu public le 31 décembre, mais sa publication a été retardée pour des raisons inconnues.

Le Canada et l'UE avaient fait un exercice semblable avant d'entreprendre les négociations en mai 2009. Pour le Canada, il s'agirait du traité de libre-échange le plus ambitieux jamais négocié de son histoire, plus important encore que l'Accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique. On estime qu'un accord avec l'UE pourrait augmenter le commerce bilatéral de 20% et entraîner une hausse du produit intérieur brut (PIB) du Canada de 12 milliards.