Avec deux tiers de ses économies budgétaires identifiées et une forte chute de ses coûts salariaux, la Grèce pouvait mardi se targuer d'avoir réalisé les efforts réclamés et espérer voir bientôt aboutir les négociations en cours avec la troïka sur les nouvelles économies.

«Il y a une coordination (avec la troïka), j'espère que d'ici dimanche nous allons aboutir (...) on n'a pas trop de temps», a déclaré le ministre grec des Finances Yannis Stournaras à l'issue d'une réunion avec le premier ministre Antonis Samaras.

Cette réunion de trois heures portait sur les mesures de plus de 11,5 milliards d'euros réclamées par les créanciers du pays en échange de la poursuite du versement des prêts UE et FMI qui lui ont été promis.

Peu auparavant, lors d'une conférence gréco-chinoise à Athènes, M. Stournaras avait reconnu que le déficit budgétaire grec serait un peu plus important que prévu à la fin de l'année pour cause de grave récession.

Il a tablé sur un déficit budgétaire primaire (hors service de la dette) de 1,5% en fin d'année 2012 contre 1% prévu initialement par le plan dicté par l'UE et le FMI.

Hors service de la dette, «nous avons atteint les deux tiers de l'objectif d'ajustement budgétaire» assigné au pays, a-t-il affirmé.

Le ministre a toutefois jugé que la Grèce était en «bonne voie» de réussir son ajustement budgétaire, à condition que ses bailleurs de fonds lui accordent un peu plus de temps que prévu initialement.

Affirmant que les représentants de la troïka avait pris acte de cet écart, il l'a imputé à l'ampleur de la récession, qui doit selon lui «dépasser 6%» en 2012, ainsi qu'aux «sérieux retards» provoqués par les deux législatives successives de mai et juin.

Le ministre a qualifié de «difficiles» les négociations qu'il mène avec la troïka pour finaliser le nouveau train d'économies et obtenir la caution des créanciers aux efforts en matière de réformes et privatisations, deux secteurs où le pays a pris «du retard».

«Mais en travaillant jour et nuit, je pense que nous pourrons être prêts pour que soient prises courant octobre les décisions de base permettant de laisser le passé derrière nous», a-t-il ajouté.

Soulignant toutefois que la récession allait se poursuivre, pour atteindre un recul cumulé du PIB qu'il a estimé à 25% entre 2008 et 2014, M. Stournaras a demandé que le calendrier de l'ajustement budgétaire prenne en compte les «conditions de l'économie réelle».

L'UE et le FMI font dépendre d'un rapport positif de la troïka, attendu en octobre, la reprise du versement des prêts consentis au pays, avec une tranche attendue de 31,5 milliards d'euros. Athènes espère aussi décrocher dans la foulée le délai supplémentaire qu'elle réclame pour réaliser ses économies.

La Grèce, qui souffre d'un déficit de compétitivité en plus de son problème d'endettement, a aussi pu montrer à ses créanciers les premiers résultats des dures réformes qu'elle avait entreprises depuis deux ans.

Les coûts salariaux unitaires du pays ont ainsi chuté de 11,5% au premier trimestre 2012, contre une hausse moyenne de 1,5% enregistrée dans les 17 pays de la zone euro pendant la même période et de 1,4% dans les 27 pays de l'UE, selon Eurostat.

L'Allemand Horst Reichenbach, chef de la «task force» européenne chargée d'aider Athènes à mettre en place les réformes structurelles contenues dans le programme d'ajustement, a d'ailleurs qualifié «d'impressionnants» les progrès réalisés par la Grèce en matière de réformes.