La France a-t-elle replongé dans la récession? L'Insee donnera un début de réponse mardi, avec les chiffres de la croissance au deuxième trimestre, alors que la Banque de France prédit déjà une telle rechute qui compliquerait davantage l'équation budgétaire du gouvernement.

Après un premier trimestre sans croissance (0%), les données du printemps sont très attendues pour savoir si la prévision officielle pour 2012 pourra être respectée. Peu après l'élection de François Hollande à l'Élysée, l'exécutif a déjà dû la ramener de 0,7% à 0,3%.

L'attente est d'autant plus incertaine que les prévisionnistes divergent: l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) tablait fin juin sur une nouvelle stagnation du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, mais la Banque de France prédit un recul de 0,1%.

De nombreux économistes pensent aussi qu'un chiffre négatif est inéluctable, au vu des indicateurs qui ont viré au rouge au deuxième trimestre: consommation des ménages en baisse de 0,2% et production industrielle en diminution de 0,6%, nombre de chômeurs en hausse continue mois après mois. Les chiffres de l'emploi salarié au deuxième trimestre sont aussi attendus mardi.

L'environnement extérieur, lui non plus, n'incite guère à l'optimisme. Toujours minée par la crise de la dette, la zone euro semble ainsi être entrée en récession, selon plusieurs instituts de conjoncture.

Si les statistiques de mardi devaient confirmer un recul du PIB, l'économie française aurait donc fait aussi, au printemps, un premier pas vers la récession, trois ans exactement après en être sortie.

Bercy temporise

La définition technique d'une récession impliquant deux trimestres consécutifs de recul du PIB, il faudrait ensuite attendre la publication, en novembre, des chiffres de l'été pour connaître le verdict.

Là aussi, les avis diffèrent: la Banque de France prévoit un nouveau reflux de 0,1% tandis que l'Insee mise sur un léger rebond de 0,1%.

Pour l'instant, Bercy temporise. Tout en se disant «inquiet» pour la croissance, le ministre de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici a assuré qu'il n'envisageait pas, pour l'instant, de réviser sa prévision pour cette année.

Mais une récession cette année, même légère et passagère, risque surtout de peser sur les perspectives économiques pour l'an prochain. Et de rendre plus difficile à atteindre l'objectif de croissance de 1,2% que s'est fixé le gouvernement pour ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013.

«Le combat que nous menons est un combat pour la croissance, et ce n'est pas un combat perdu», a assuré jeudi Pierre Moscovici. «Nous nous battrons pour que la prévision de 1,2% pour 2013 soit atteinte voire dépassée», a-t-il insisté.

Car une révision à la baisse serait une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement, déjà en quête de plus de 30 milliards d'euros pour tenir ses engagements financiers l'an prochain.

Il lui faudrait alors augmenter encore plus que prévu les impôts, voire donner un nouveau tour de vis à la dépense publique, ce qui risquerait en retour de peser sur l'activité et rendre l'équation budgétaire tout simplement insoluble.