La Banque centrale européenne (BCE) a laissé son principal taux d'intérêt inchangé à 1%, son plus bas niveau historique, lors de la réunion mensuelle de son conseil des gouverneurs jeudi, a annoncé un porte-parole.

Cette décision ne constitue pas une surprise, après les deux baisses opérées en novembre et décembre.

En revanche, économistes et marchés vont guetter les commentaires de son président Mario Draghi sur les banques de la zone euro et le programme de rachat d'obligations publiques sur le marché secondaire de la BCE, lors de la conférence de presse au siège de l'institution à Francfort à partir de 13h30 GMT (8h30 à Montréal).

Selon les économistes, le statu quo sera aussi de rigueur dans ces domaines.

La BCE devrait en effet aussi s'abstenir de prendre de nouvelles mesures en faveur des banques après l'importante injection de liquidités réalisée en décembre, avec pour objectif d'éviter qu'elles ne soient à court d'argent et qu'elles continuent à prêter aux ménages comme aux entreprises pour soutenir la croissance.

Au total, l'institution monétaire a prêté en décembre le montant record de 489 milliards d'euros au taux fixe de 1% à 523 banques de la zone euro sur une période de trois ans, une opération inédite qui sera renouvelée fin février, même si pour l'instant le but poursuivi n'est pas vraiment atteint, comme le montre le niveau record des dépôts bancaires au jour le jour auprès d'elle.

Les banques préfèrent en effet entreposer le flot d'argent à leur disposition auprès de la BCE, qui ne le rémunère pourtant qu'à 0,25%, plutôt que de se prêter entre elles ou à l'économie réelle, ou même d'aller acheter des obligations d'État comme l'espéraient certains.

Un phénomène qui n'a toutefois rien d'étonnant pour Marco Valli, chef économiste chez UniCredit. «Avec les incertitudes qui pèsent encore sur la dette souveraine et les lourdes échéances de remboursement auxquelles sont confrontées les banques dans les premiers mois de l'année, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi elles demeurent allergiques au risque et préfèrent constituer des réserves de liquidités».

Plus de 600 milliards de dette bancaire arrivent à maturité en 2012, dont 230 milliards rien qu'au premier trimestre.

Dans ce contexte, que l'Espagne et l'Italie aient réussi jeudi à placer haut la main leurs premières émissions de dette de l'année, caractérisées par une forte demande et des taux d'intérêt en nette baisse, est un bon signe.

«Il est possible que la BCE baisse encore ses taux dans les prochains mois» a commenté Jonathan Loynes de Capital Economics, même s'il estime également possible que «1% puisse encore une fois constituer un plancher».

La BCE avait porté pour la première fois son taux directeur à 1% en mai 2009 avant de commencer à le relever en avril 2011 pour le porter à 1,5% en juillet, invoquant des menaces inflationnistes. Mais la dégradation de la situation économique mondiale, en particulier en zone euro, et la crise de la dette l'ont poussé à faire machine arrière.

Par ailleurs, la chute de l'euro, qui évolue à ses plus bas niveaux depuis l'automne 2010, équivaut pour certains à une baisse des taux, bénéficiant largement aux économies exportatrices que sont l'Allemagne et l'Italie.

Pour Alexander Aldinger et Peggy Jäger, de Commerzbank, M. Draghi pourrait être plutôt enclin à «se montrer prudent» dans ses propos en ce début d'année incertain pour l'évolution de la crise de la dette.

Jonathan Loynes de Capital Economics s'attend, lui, comme la majorité de ses confrères, à ce que M. Draghi répète que le programme de rachat d'obligations est limité en volume et dans le temps et rappele qu'il n'est pas dans les attributions de la BCE de se porter au secours des États surendettés.

Ce programme est vu par certains économistes, mais aussi des pays comme la France ou l'Italie, comme la planche de salut de la zone euro, cependant la BCE s'est toujours montrée réticente à son égard depuis son introduction au printemps 2010.