Au ShinKong Place, luxueux centre commercial de la capitale chinoise, on trouve Chanel, Prada, Gucci. Et le Maple Garden, une boutique consacrée aux produits de l'érable. «C'est un endroit très prestigieux, équivalant à Saks Fifth Avenue à New York ou Harrods à Londres», dit avec fierté Cindy Lu, propriétaire du Maple Garden, en exagérant à peine.

Le Québec a vendu pour 200 000$ de produits de l'érable en Chine en 2010. Une somme modeste, mais cinq fois plus élevée qu'en 2007. «Les entreprises de l'érable sont assez agressives pour développer le marché chinois, indique Nicolas Moisan, du Groupe Export agroalimentaire Québec-Canada. Comme les volumes exportés aux États-Unis ont baissé avec la crise, elles veulent diversifier leurs marchés.»

Tous rêvent de répéter le succès du Japon, qui a acheté des produits québécois de l'érable d'une valeur de 28 millions en 2010. «La Chine, c'est l'avenir», dit Jerry Kless, directeur des ventes et du marketing chez Citadelle. Pionnière en Chine il y a 10 ans, la coopérative de producteurs de sirop d'érable de Plessisville peut se vanter de vendre ses bouteilles dans bien des supermarchés huppés de Shanghai et Pékin.

Un aliment santé

Le «feng tang» littéralement sucre d'érable en chinois - est présenté comme un aliment... santé. «Le sirop d'érable contient des minéraux et des antioxydants, fait valoir M. Kless. C'est pris directement de l'arbre et c'est bouilli. C'est naturel, santé et ça a un goût unique.»

Reste à convaincre les Chinois d'en acheter. «C'est sucré, pas mauvais», a dit Wu Danshin, après avoir goûté pour la première fois au sirop d'érable. «Culturellement, les Chinois ne savent pas comment utiliser le sirop d'érable dans leur alimentation, observe Jean-François Mercille, Québécois installé à Shanghai depuis sept ans. Ils le trouvent trop sucré.»

Rien n'est gagné d'avance, selon Luc Tardif, directeur du marketing des produits de l'érable Great Northern. «Pour le sirop d'érable, je ne crois pas encore au marché chinois, indique-t-il. Les bouteilles de sirop d'érable y sont vendues 30$. Même moi, je ne pourrais pas me le permettre.»

«Les ventes de sirop d'érable en Chine vont décoller, estime au contraire Claude Champagne, président de L.B. Maple Treat, de Granby. Il ne faut pas négliger le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Il faut y aller!»