La croissance de l'économie chinoise n'a que légèrement fléchi à 9,5% au deuxième trimestre, malgré des mesures de resserrement monétaire pour combattre une inflation élevée, dissipant les craintes d'un ralentissement brutal de la deuxième économie mondiale, selon les analystes.

Pour l'ensemble du premier semestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 9,6%, contre 10,3% sur la même période de 2010. Elle s'était élevée à 9,7% au premier trimestre et à 9,8% au dernier trimestre 2010.

«Les facteurs de croissance sont toujours forts en Chine. Il y a peu de risques d'un fort ralentissement», a déclaré le porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS), Sheng Laiyun.

L'augmentation du PIB reste vigoureuse, malgré la fin de mesures gouvernementales de soutien comme l'aide à l'achat de petites voitures.

«L'économie opère actuellement un changement d'une croissance rapide tirée par des mesures de relance vers un développement sain sans aides» publiques, selon M. Sheng.

Pour endiguer la hausse des prix, qui s'est accélérée à 6,4% au mois de juin, son plus haut niveau en trois ans, Pékin a relevé à plusieurs reprises depuis l'automne les taux d'intérêt et les réserves obligatoires des banques.

Mardi, le premier ministre Wen Jiabao a indiqué que l'objectif prioritaire de son gouvernement restait la stabilisation des prix.

«Bien qu'il y ait toujours une assez forte pression à la hausse sur les prix, de plus en plus de facteurs concourent à une stabilisation des prix», a estimé le porte-parole du BNS.

«Une croissance plus lente et une inflation plus élevée placent le gouvernement devant un dilemme en matière de politique monétaire», analyse de son côté Alistair Thornton, un économiste de IHS Global Insight.

Un resserrement excessif pourrait en effet provoquer un ralentissement brutal de l'économie. Mais la plupart des analystes ne croient pas pour l'instant à un tel scénario, le niveau de la croissance restant encore bien au-delà des objectifs du gouvernement de 8% en 2011 et de 7% par an pour l'ensemble de la période 2011-2015.

L'économie chinoise est sur une «trajectoire d'atterrissage en douceur», selon M. Thornton. IHS prévoit une poursuite de cette décélération au troisième trimestre, mais juge «improbable que le ralentissement soit très marqué».

La croissance d'un trimestre sur l'autre a été de 2,2%, relève pour sa part Brian Jackson, de la Royal Bank of Canada, qui voit dans ce chiffre la preuve que «les inquiétudes sur un retournement brutal sont exagérées».

«Au total, cela montre un ralentissement tout à fait modéré depuis le début de l'année, dû aux mesures gouvernementales», a déclaré à l'AFP M. Jackson.

L'économie chinoise reste fortement tirée par les investissements en capital fixe, qui ont augmenté de 25,6% au premier semestre, tandis que les ventes de détail, principale jauge de la consommation, ont progressé de 16,8%.

La hausse de la production industrielle s'est légèrement tassée, à 14,3% sur la première moitié de l'année. Elle avait atteint 15,7% en 2010.

Les marchés en Asie ont salué les indicateurs de l'économie chinoise, la Bourse de Shanghai finissant la séance par un gain de 1,48% et celle de Hong Kong progressant de 1,22%. Tokyo a clôturé en hausse de 0,37%.

Malgré tous ces signes de poursuite du boom économique chinois, des inquiétudes pèsent sur la santé du système financier. Les banques sont fragilisées après avoir massivement prêté aux collectivités locales, après la crise financière de 2008, afin de soutenir la demande intérieure par de pharaoniques projets d'infrastructures.

La semaine dernière, l'agence Moody's avait estimé, sur la base de chiffres contestés par Pékin, que «la perspective du secteur bancaire chinois pourrait devenir négative».

Le contexte international, marqué par les crises des dettes publiques en Europe et aux Etats-Unis, pourrait également donner du fil à retordre à la Chine, premier exportateur mondial.

«L'environnement externe et interne est plutôt compliqué et incertain pour le développement économique», a jugé M. Sheng.