La part du dollar dans les réserves en devises des États (hors Chine) était fin mars au plus bas depuis 1995, selon des chiffres publiés jeudi par le Fonds monétaire international (FMI).

D'après les statistiques rassemblées par le FMI chaque trimestre, 60,7% des réserves des États membres qui en détaillent la composition étaient libellées en dollars au 31 mars, contre 61,5% trois mois auparavant.

Au 31 décembre 1995, la date à laquelle débutent les statistiques du FMI, la part du dollar n'était que de 59,0%, avant de bondir à 62,0% un an plus tard et de monter jusqu'à 71,5% fin 2001, à la veille de l'introduction des pièces et billets en euros.

Ces statistiques doivent être relativisées par le refus de la Chine de dévoiler au FMI la répartition entre devises de ses réserves. Constamment gonflées par les excédents commerciaux de la deuxième économie mondiale, celles-ci sont les plus grandes du monde, à 3.044,7 milliards de dollars, soit plus de 31% du total mondial.

Les chiffres du FMI couvrent 138 pays qui contrôlent près de 55% des 9.694 milliards de dollars de réserves détenues au total par les États membres.

D'après Jens Nordvig, un analyste de changes de la maison de courtage Nomura, «le degré de diversification au détriment du dollar semble plus modéré dans les données du FMI que dans notre propre analyse fondée sur les flux mondiaux de capitaux».

Il a estimé que la Chine avait tendance à se détourner du billet vert plus rapidement que les pays qui communiquent leurs chiffres au FMI.

Les statistiques du Fonds montrent par ailleurs qu'au cours du premier trimestre, ces pays ont réduit leurs avoirs en euros, de 1,1% à 992 milliards d'euros, alors qu'ils augmentaient ceux en dollars, de 2,1% à 3.220 milliards de dollars.

Néanmoins, comme la monnaie unique s'est appréciée au cours de ce trimestre, la part de l'euro dans les réserves a augmenté une fois effectuée la conversion de toutes les monnaies en dollars (à 26,6%, contre 26,1% au 31 décembre).

Le reste se répartit entre la livre (4,1%), le yen (3,8%), le franc suisse (0,1%) et les autres monnaies (4,7%), dont la part ne cesse d'augmenter.

Pour M. Nordvig, «le dollar australien et le dollar canadien représentent probablement la majorité» de ces «autres monnaies».

«La tendance au sein des réserves mondiales continue d'être une diversification lente, progressive, les banques centrales accumulant moins de dollars que par le passé», a estimé Anish Abuwala, autre analyste de Nomura.

Le Fonds monétaire international fait travailler ses économistes sur les moyens d'améliorer le système des réserves en devises. En juillet, il prévoit une discussion informelle de son conseil d'administration sur une plus grande internationalisation des monnaies des pays émergents, encore peu prisées des banques centrales malgré la vigueur de ces économies.