Les États membres du Fonds monétaire international, qui recherchent un successeur à Dominique Strauss-Kahn, se sont accordés sur la procédure de sélection d'un nouveau directeur général, qu'ils veulent désigner en juin.

Le conseil d'administration, composé des représentants de 24 pays et groupes de pays, prendra à partir de lundi et jusqu'au 10 juin les candidatures. Il s'est fixé pour «objectif» de désigner un nouveau dirigeant «d'ici au 30 juin».

Il a promis que ce choix se ferait «d'une manière ouverte, fondée sur le mérite, et transparente». Mais la procédure qui a immanquablement porté un Européen à la tête de l'institution de Washington est restée inchangée.

S'il y a quatre candidatures ou plus, le conseil d'administration cherchera «par consensus», ou à défaut par un vote, à réduire la liste à trois noms. Les deux ou trois derniers candidats seront entendus à Washington.

L'instance doit ensuite décider «par consensus», «bien que le conseil d'administration puisse sélectionner le directeur général à la majorité des voix».

Jeudi, le représentant de l'Inde au conseil d'administration Arvind Virmani avait déclaré à l'AFP qu'il voulait un vote, plus «démocratique» d'après lui qu'un consensus qui n'est «pas transparent». Il n'a pas été entendu.

Les procédures quotidiennes du conseil d'administration du FMI mêlent un peu des deux: les 24 membres votent bien formellement, mais en pratique ils ne soumettent au vote que les décisions sur lesquelles ils se sont préalablement mis d'accord.

Pour Daniel Bradlow, professeur de droit à Washington spécialiste des institutions internationales et du FMI, l'axe transatlantique reste de toutes les manières prépondérant.

«Vote ne signifie pas nécessairement démocratie. Même en imaginant un vote à bulletin secret, les administrateurs ne voudront pas forcément aller contre un Européen donné comme favori, ni être parmi ceux qui n'annoncent pas publiquement qu'ils ont voté pour le nouveau directeur général», explique-t-il à l'AFP.

Le continent européen a clairement montré sa volonté de présenter un candidat, la Française Christine Lagarde faisant figure de grande favorite.

Dernière voix à se prononcer en sa faveur, son homologue allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui l'a jugée samedi «parfaitement appropriée en tant que personne pour ce poste».

Les pays émergents du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui pourraient offrir un solide contre-poids à une candidature européenne, n'ont affiché aucune unité.

Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega n'est pas complètement hostile à l'idée d'un Européen, même si sa préférence va a priori ailleurs. Moscou a déjà son candidat, le Kazakh Grigori Martchenko. L'Afrique du Sud et l'Inde pourraient pousser sur le devant de la scène les candidats qu'on leur prête, respectivement Trevor Manuel et Montek Singh Ahluwalia. Et Pékin réfléchit à en présenter un, qui n'a pas été clairement choisi.

Un autre émergent d'importance, le Mexique, milite désormais officiellement pour le gouverneur de sa banque centrale, Agustin Carstens.

Le Turc Kemal Dervis, qui passait pour un bon compromis entre Européens et émergents, s'est exclu de la course.

Les États-Unis, sans le soutien desquels il n'est pas possible de l'emporter, ont souhaité «un candidat ayant la forte expérience et les qualités de direction requises, et capable d'obtenir un large soutien».

Très appréciée à Washington, Mme Lagarde correspond à cette description.

Le descriptif du candidat idéal donné par le FMI est pratiquement le même qu'au moment du recrutement de M. Strauss-Kahn en 2007: «expérience éminente dans la conception de la politique économique à des niveaux élevés», ce qui favorise les ministres des Finances, ou encore «communicateur efficace», une qualité prêtée à la ministre française par ceux qui la soutiennent.