Les dirigeants des pays du G8 sont conviés jeudi et vendredi à Deauville pour un sommet au menu dicté par l'actualité, au cours duquel ils doivent jeter les bases d'un partenariat avec les pays arabes en quête de démocratie et réfléchir à l'avenir du nucléaire.

La question de la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI) devrait aussi s'imposer à l'agenda. Les Européens espèrent «un signal» lors de ce G8 en faveur de leur candidate, qui devrait être la Française Christine Lagarde, ministre de l'Économie, selon une source européenne.

Après le rendez-vous canadien de 2010, la France avait choisi de faire du développement de l'internet, une première pour le G8, la «signature» de la grand messe annuelle qu'elle va présider dans la station balnéaire de Normandie. Mais les «printemps arabes» et la catastrophe de Fukushima l'ont contrainte à revoir son ordre du jour.

Après les soulèvements populaires qui ont balayé les régimes tunisien et égyptien, la rébellion menace le colonel libyen Mouammar Kadhafi et la contestation, sévèrement réprimée, bat son plein en Syrie. Nicolas Sarkozy a donc choisi d'en faire le plat de résistance du G8.

«Nous voulons engager un partenariat de longue durée entre les pays du G8 et les pays arabes qui soutiennent les aspirations démocratiques de leur population», annonce-t-on à l'Elysée, «il est de notre devoir d'aider ces pays en transition vers plus de démocratie et plus d'économie de marché. Deauville doit être le moment fondateur de ce partenariat».

Sur le modèle de l'aide offerte par les Occidentaux à l'Europe de l'Est après la chute du mur de Berlin, la France suggère de redéployer le «savoir faire» de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) en direction des rives de la Méditerranée.

Sans attendre Deauville, Barack Obama a grillé la politesse au président français en dévoilant dès jeudi son propre plan d'aide de plusieurs milliards de dollars pour encourager la démocratisation des pays arabes.

Paris l'assure, «il n'y a pas de voix discordantes» au sein du G8 sur ce dossier. Même si la Russie a tardé à donner son feu vert aux frappes aériennes en Libye et reste un fidèle soutien de la Syrie de Bachar al-Assad. La situation de ces deux pays sera d'ailleurs discutée jeudi à Deauville.

Le partenariat sera lancé le lendemain avec les Premiers ministres de Tunisie et d'Égypte. Mais ses contours restent à définir. «Ce sera aux gouvernements issus des urnes de nous dire ce qu'ils veulent», dit-on à l'Élysée, qui voit aussi dans cette initiative une occasion de «réinventer» son projet mort-né d'Union pour la Méditerranée (UpM).

Traditionnellement associée aux G8 depuis le sommet d'Évian (2003), l'Afrique participera aussi à ce chapitre «démocratie». Le G8 fera le point, toujours décrié par les ONG, de ses promesses d'aide au continent et parmi les Africains invités figurent les présidents fraîchement élus de Côte d'Ivoire, du Niger et de Guinée pour saluer «leurs parcours démocratiques exemplaires».

Deux mois après l'accident de la centrale de Fukushima, au nord-est de Tokyo, l'avenir de l'énergie nucléaire, contestée dans de nombreux pays, constituera l'un des autres gros dossiers de ce G8.

Champion de la cause nucléaire, Nicolas Sarkozy veut tirer avec ses pairs les «leçons de Fukushima» et faire avancer l'idée d'une «norme internationale de sûreté». Mais Paris s'attend à de fortes réticences, notamment de l'Allemagne qui envisage sérieusement d'arrêter le nucléaire.

Enfin, grande première, les chefs d'État et de gouvernement des huit grands pays industrialisés de la planète s'attaqueront au phénomène internet.

Dans la foulée d'un «e-G8» qui doit réunir les acteurs de la «toile» mardi et mercredi à Paris, le G8 doit accoucher, dit-on à Paris, d'une déclaration qui doit insister sur «la nécessité d'y faire respecter toutes les libertés». Mais les velléités de Nicolas Sarkozy de mettre en place un «internet civilisé» irritent les Etats-Unis, opposés à toute régulation du «web».