La croissance économique a nettement accéléré au premier trimestre dans la zone euro, un rattrapage après une fin 2010 décevante qui s'avère plus fort que prévu, mais qui continue de cacher d'importantes disparités entre les pays.

Selon une première estimation publiée vendredi par l'office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a augmenté de 0,8% sur les trois premiers mois de l'année.

Au quatrième trimestre 2010, la progression avait été de seulement 0,3%, l'activité dans le secteur de la construction notamment ayant été plombée par un mois de décembre très froid.

Les économistes tablaient donc sur un rattrapage au premier trimestre: toutefois ceux interrogés par Dow Jones Newswires espéraient en moyenne une progression du PIB de seulement 0,6% au premier trimestre.

L'effet de rattrapage a été particulièrement fort en Allemagne, qui a joué à plein son rôle de moteur économique de la zone euro: son PIB a bondi de 1,5%, bien plus que prévu par les économistes, après seulement 0,4% au quatrième trimestre 2010, a annoncé vendredi son office fédéral des statistiques.

La première économie de la zone euro a ainsi renoué avec son niveau de début 2008, avant la crise bancaire puis économique, et résiste bien à l'augmentation des risques sur la scène internationale.

L'office des statistiques a souligné des «impulsions positives (...) venues principalement de la demande intérieure», notamment les investissements des entreprises, qui ont contribué à réduire sa dépendance au commerce extérieur.

L'accélération de la croissance a également été nette en France à 1% au premier trimestre contre 0,3% sur les trois mois précédents.

C'est là aussi mieux que prévu, et un niveau qui n'avait plus été vu depuis mi-2006. Les ménages français ont un peu plus consommé, et les entreprises ont investi davantage.

Les autres statistiques nationales publiées vendredi dans les pays de la zone euro montrent toutefois d'importants décalages entre les pays.

La croissance a atteint 0,9% aux Pays-Bas ou 1% en Autriche.

Mais elle s'est avérée décevante en Italie où elle stagne à 0,1%.

En Espagne, particulièrement touchée par la crise financière internationale et l'éclatement de sa bulle immobilière, elle reste modérée en dépit d'une petite accélération, à 0,3% après 0,2% au dernier trimestre 2010.

«Il y a toujours d'énormes divergences à l'intérieur de la zone euro», a mis en garde dans une note Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics.

On présage «que la croissance va ralentir dans le courant de l'année, même dans les pays (plus solides) du coeur de la zone, quand le boom des exportations va s'atténuer et que les restrictions budgétaires vont se faire sentir», prévient-il.

Plusieurs autres économistes estimaient aussi vendredi que la croissance, surtout en Allemagne et en France, ne pourrait pas continuer sur le même rythme au deuxième trimestre.

La zone euro est toujours confrontée à la crise de la dette, qui a déjà obligé trois de ses membres, la Grèce, l'Irlande et le Portugal, à demander une aide financière internationale. La plupart des pays mettent en place des programmes d'austérité impopulaires pour tenter de réduire leurs dettes, mais cela ne semble pas jusqu'ici avoir vraiment rassuré les marchés.