Des incidents ont éclaté aujourd'hui à Athènes en marge de manifestations rassemblant quelque 20 000 personnes dans le cadre d'une grève générale qui a paralysé services et transports publics dans toute la Grèce. Le mouvement vise à protester contre les mesures d'austérité prises par le gouvernement du premier ministre socialiste Georges Papandreou.

Plombée par sa dette, la Grèce a évité la faillite l'an dernier grâce à un plan de sauvetage international de 110 milliards d'euros (150 milliards CAN). En contrepartie, le gouvernement grec a mis en oeuvre des mesures d'austérité très impopulaires, dont une réduction des pensions et salaires, une augmentation des impôts et de l'âge de départ à la retraite.

Le Parlement doit voter au cours du mois de mai un nouveau train de mesures, destinées à économiser 23 milliards d'euros (31 milliards CAN) d'ici 2015.

D'après la principale centrale syndicale grecque, la grève générale traduit la colère devant une politique «injuste et cruelle qui a provoqué un bond du chômage, enfreint les droits des travailleurs, dilapidé les ressources publiques, sans permettre de sortir de la récession».

Quelque 10 000 personnes ont manifesté dans le centre d'Athènes. «Nous rejetons et condamnons les nouvelles mesures d'austérité. Nous intensifions la lutte», pouvait-on lire sur les banderoles.

Des incidents ont éclaté en marge d'une autre manifestation, rassemblant quelque 10 000 personnes. Des jeunes ont jeté des pierres et cocktail incendiaires sur les policiers qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes. Des policiers et manifestants ont été blessés, tandis que la police a annoncé avoir interpellé 24 personnes soupçonnés de violences et dégradations.

Environ 8000 personnes ont par ailleurs manifesté à Thessalonique (Nord), deuxième ville du pays. La grève de 24 heures a provoqué un arrêt du trafic ferroviaire et maritime, ainsi que d'une grande partie des transports publics dans tout le pays. De nombreux vols ont été annulés à l'aéroport international d'Athènes. Aucun journal n'est paru, et les journalistes de la presse audiovisuelle étaient en grève.

Face aux difficultés persistantes de la Grèce, les ministres européens des Finances qui se réunissent lundi prochain à Bruxelles pourraient annoncer un nouveau soutien pour Athènes, selon un responsable d'un pays de la zone euro. Mais aucune mesure concrète ne sera prise avant que ne soient connus les résultats de l'inspection du programme d'ajustement économique de la Grèce, a ajouté ce responsable.

Les délégations de la Banque centrale européenne (BCE), du FMI et de la Commission européenne arrivaient mardi à Athènes pour leur inspection trimestrielle des efforts engagés par la Grèce. Ils doivent terminer leur évaluation d'ici une semaine ou deux. Si les inspecteurs concluent que la Grèce remplit les critères définis, elle recevra la cinquième série de prêts prévus par le plan d'aide. Un rapport doit être rendu en juin.

Les gouvernements de la zone euro, selon un autre responsable européen, veulent voir davantage de preuves concrètes que les mesures promises par Athènes, comme la lutte contre la fraude fiscale et la privatisation d'avoirs publics, sont effectivement mises en oeuvre.

La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays est le plus gros contributeur au plan de sauvetage, a déjà dit qu'elle attendrait l'évaluation des inspecteurs avant de prendre une décision. «Ce n'est qu'alors que je pourrai décider si quelque chose doit être fait et quoi», a-t-elle expliqué mardi à des journalistes de la presse étrangère à Berlin.

«Avant de parler d'une nouvelle aide, la Grèce doit s'assurer que toutes les mesures d'austérité et réformes sont dûment mises en oeuvre. J'aimerais avoir le signe que c'est bien le cas», a renchéri Michael Meister, membre des instances dirigeantes du CDU, le parti conservateur d'Angela Merkel.