La Grande-Bretagne peine toujours à se relever de la récession de 2008. Stagnation du PIB, inflation, crise de confiance des ménages: la conjoncture économique reste préoccupante. Le premier ministre David Cameron persiste dans ses mesures d'austérité alors que des économistes l'accusent d'un manque de vision.

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe la semaine dernière. Après quatre trimestres de croissance modeste, le PIB a baissé de 0,5% dans les trois derniers mois de 2010. Même en annulant l'effet du temps froid record de décembre, qui a sévèrement perturbé le transport aérien, la croissance s'est chiffrée à 0% selon l'Office national des statistiques.

Un vent de panique a soufflé sur le pays. Le verdict de la majorité des économistes fut unanime: «Shocking!»

Comme un malheur ne vient jamais seul, la confiance des consommateurs a plongé de huit points en janvier pour s'établir au plus bas niveau depuis mars 2009, au pire de la récession.

La raison? La taxe de vente a grimpé de 17,5% à 20% en janvier, de quoi assombrir le moral dans les foyers britanniques, qui comptent 2,5 millions de chômeurs.

Aussi, l'inflation galopante, nettement au-dessus de la hausse moyenne salariale de 2,1%, gruge leur pouvoir d'achat. Aujourd'hui à 3,7%, elle pourrait atteindre 5% dans les prochains mois, a prévenu le chef de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, le 26 janvier dernier.

Le spectre de la stagflation fait craindre une reprise en dents de scie ou pire, une récession à double creux.

Réduction du déficit c. croissance

Ce ralentissement économique place deux hommes sur la corde raide: David Cameron et son ministre des Finances, George Osborne. Beaucoup d'économistes étaient en désaccord avec leurs brutales mesures d'austérité annoncées en octobre afin de réduire le déficit.

Des coupes budgétaires de 131 milliards de dollars canadiens et des hausses d'impôts de 48 milliards seront échelonnées sur les quatre prochaines années. Un plan draconien contre lequel Barack Obama avait mis en garde l'Europe en juin 2010.

Pour le moment, la reprise américaine lui donne raison. Le PIB américain a augmenté de 3,2% au dernier trimestre.

Maintenant, David Cameron et George Osborne sont pressés de faire marche arrière sur les coupes prévues. «Ils devraient admettre leur erreur et mettre l'accent sur la croissance économique plutôt que sur la réduction du déficit», a écrit Larry Elliott, réputé chroniqueur économique au Guardian.

Même son de cloche au Conseil du patronat britannique. «La coalition de David Cameron a seulement offert quelques vagues idées pour stimuler la croissance et la création d'emplois», a dit le directeur-général sortant, Richard Lambert.

Pressions sociales

Mais le premier ministre persiste à maintenir la Grande-Bretagne en mode austérité. «À cause de la terrible crise des dernières années, il fallait s'attendre à une reprise houleuse», a expliqué David Cameron au dernier Forum économique de Davos.

Il a toutefois promis un budget axé sur la croissance le 23 mars. Une grande marche syndicale contre les coupes budgétaires aura lieu la même semaine à travers le pays.

Si le premier trimestre de 2011 n'affiche pas une hausse significative du PIB, le premier ministre pourra difficilement continuer à repousser les appels à la préparation d'un «Plan B».