L'industrie de l'assurance se souviendra de l'année qui s'achève comme de celle pendant laquelle la Terre a commencé à donner des signes d'impatience.

Les désastres naturels ont entraîné des pertes économiques de 222 milliards de dollars US en 2010, soit plus que le produit intérieur brut de Hong Kong, selon l'assureur Swiss Re.

Séismes, canicules, inondations, volcans, super tempêtes, glissements de terrain et sécheresses se sont unis pour faire au moins 250 000 victimes en 2010 - le bilan le plus lourd des 25 dernières années. Les catastrophes naturelles ont fait plus de victimes cette année que toutes les attaques terroristes combinées des 40 dernières années.

«On aurait dit que les catastrophes arrivaient une derrière l'autre et en vagues, a dit Craig Fugate, de la Federal Emergency Management Agency des États-Unis. Cette année, l'expression «événement qui n'arrive qu'une fois par siècle» a perdu son sens.»

Même si plusieurs des catastrophes ont pu sembler aléatoires, l'impact de l'activité humaine a contribué à faire de 2010 une année particulièrement mortelle, coûteuse, extrême et bizarre.

Les catastrophes naturelles, comme les tremblements de terre et les éruptions volcaniques, «sont essentiellement constantes, a dit Andreas Schraft, du géant helvétique de l'assurance Swiss Re. Ce qui change, c'est ce qui a été construit par l'homme.»

L'exemple parfait est celui du séisme qui a fait plus de 220 000 victimes en Haïti en janvier. La capitale, Port-au-Prince, compte près de trois fois plus d'habitants - la plupart vivant dans la pauvreté - et plus de bidonvilles qu'il y a 25 ans. Des experts estiment que le même tremblement de terre, s'il s'était produit en 1985, aurait tué trois fois moins de personnes.

En février, un séisme plus de 500 fois plus puissant que le séisme haitien a secoué un secteur du Chili moins peuplé et moins pauvre, où les édifices étaient mieux construits. Résultat: moins de 1000 personnes ont perdu la vie.

«C'est une forme de suicide, non? Nous construisons des maisons qui nous tuent (lors de séismes). Nous construisons des maisons dans des zones inondables et ensuite nous nous noyons, a dit le professeur Roger Bilham, de l'université du Colorado. C'est notre responsabilité de ne pas avoir anticipé ces choses. Vous savez, la Terre fait simplement ce qu'elle a à faire.»

Selon AP.