Le problème de l'Europe face à la crise économique qui la frappe est qu'elle est trop longue à prendre des décisions, a affirmé jeudi le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.

Quand les gouvernements doivent prendre des mesures, «tout cela prend du temps en Europe, et c'est le principal problème de l'Europe», a affirmé M. Strauss-Kahn lors d'un débat organisé par Thomson Reuters à Washington.

«Le processus de prise de décision en Europe est long, bien plus lent que la vitesse des marchés», a-t-il ajouté, en référence aux fluctuations de la valeur des titres de dette des pays de la zone euro.

«Je suis inquiet. C'est pourquoi j'exhorte les Européens à apporter une solution globale». Mais, a-t-il concédé, «c'est facile à dire quand on n'est pas impliqué dans le processus politique».

Interrogé pour savoir si l'existence de l'euro était menacée, M. Strauss-Kahn a répondu: «non!»

«Il y a une raison à cela: c'est une monnaie forte, qui s'est comportée même mieux que ne l'a fait le deutschemark lors de la décennie précédente», a-t-il affirmé.

Le patron du FMI s'est dit prudent sur l'idée d'imposer aux créanciers des États européens une réduction des montants qui leur sont dus. Pour lui, dans chaque pays «c'est au gouvernement de faire ce choix». Mais «si on ne prend pas en compte les effets de contagion (...) ce n'est tout simplement pas responsable. Donc c'est un équilibre, un choix difficile à faire avec des inconvénients dans les deux cas», a-t-il expliqué.

Interrogé sur la colère des opinions publiques dans les pays européens aidés ou conseillés par le FMI dans leurs programmes d'austérité, M. Strauss-Kahn s'est dit compréhensif.

En Irlande, «les gens demandent: pourquoi devrais-je payer parce que les banques se sont fourvoyées? (...) Ils ont certainement raison de poser la question», a-t-il déclaré.

Mais le programme d'aide à ce pays «va marcher», a-t-il assuré.

Le conseil d'administration du FMI doit voter jeudi sur un prêt d'un montant prévu de 22,5 milliards d'euros à l'Irlande, et vendredi le versement de la troisième tranche, d'un montant de 2,5 milliards d'euros, d'un prêt de 30 milliards d'euros à la Grèce.