La Banque d'Angleterre a maintenu jeudi, comme attendu, son taux directeur à 0,5%, et la suspension de son programme de rachats d'actifs dont le montant a été épuisé en janvier, à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire.

Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a fait aucun commentaire immédiat sur cette décision, ce qui conduira les observateurs à scruter avec attention la publication des minutes de cette réunion, prévue le 22 décembre.

Afin d'aider une économie qui était tombée en profonde récession, la Banque d'Angleterre avait abaissé son taux directeur jusqu'au niveau historiquement bas de 0,50%, auquel il est resté fixé depuis mars 2009.

L'institution avait également relevé en novembre 2009 son programme de rachat d'actifs (dit «d'assouplissement quantitatif», lancé en mars 2009) à 200 milliards de livres, un montant épuisé depuis fin janvier.

La Banque d'Angleterre se trouve tiraillée depuis plusieurs mois entre une inflation qui demeure élevée d'un côté (3,2% sur un an en octobre), et des craintes persistantes sur la vigueur de la reprise économique au Royaume-Uni et dans le monde, de l'autre.

Dans son rapport trimestriel sur l'inflation publié début novembre, la banque centrale britannique avait dit tabler sur une croissance modérée l'an prochain, estimant que «la reprise économique du Royaume-Uni devrait continuer», comme l'ont prouvé de récents indicateurs meilleurs qu'anticipé, au premier rang desquels un ralentissement nettement moins marqué que prévu de la croissance britannique au troisième trimestre.

Cependant, certains indicateurs continuent de montrer que «l'activité économique et la confiance se trouvent à des niveaux inférieurs à ceux observés en début d'année, ce qui suggère que la croissance pourrait ralentir à court terme», avait prévenu la Banque d'Angleterre, tout en écartant l'éventualité d'un retour en récession.

Et la reprise toujours chaotique de l'économie britannique devrait avoir poussé un des membres du comité de politique monétaire (CPM), Adam Posen, à se prononcer, pour le troisième mois consécutif, pour une extension du programme de rachats d'actifs, afin de donner un nouveau coup de pouce à la croissance.

A l'opposé, pour un autre membre du CPM, Andrew Sentance, des tensions inflationnistes persistantes et une bonne tenue de l'activité économique jouent en faveur d'une hausse du taux directeur de l'institution. Une position sur laquelle il reste campé, mais isolé, depuis six mois.

Mais aucune de ces idées ne devrait avoir gagné des votes ce mois-ci, en effet, «la majorité des membres du CPM devrait rester à court terme campée sur ses positions attentistes», commentait Joost Beaumont, économiste chez ABN Amro.

Ainsi, la Banque d'Angleterre devrait rester immobile tant que les perspectives de l'économie britannique resteront incertaines et contradictoires, du fait notamment de l'entrée en vigueur des mesures d'austérité décidées par le gouvernement de coalition britannique, parmi lesquelles une hausse de la TVA de 17,5% à 20%, qui entrera en vigueur l'année prochaine.

Même si «la croissance devrait ralentir de façon marquée au cours du premier semestre 2011... ce ralentissement ne devrait pas être suffisant pour pousser la Banque d'Angleterre à prendre de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif», du fait du niveau élevé de l'inflation, anticipait ainsi Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.