La Commission européenne a exprimé son scepticisme lundi sur les chances de faire accepter des «euro-obligations» pour mutualiser les risques de dette entre pays de la zone euro, malgré une nouvelle offensive du Luxembourg et de l'Italie en ce sens.

«C'est une idée très ancienne dans l'Union européenne», qui a été suggérée «il y a de nombreuses années déjà mais il n'a jamais été possible de parvenir à un accord», a déclaré le président de l'exécutif européen, José Manuel Barroso, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre grec Georges Papandréou.

«C'est pourquoi, avant de commenter, je dois avoir davantage de certitude sur la faisabilité politique de cette idée, qui est certainement une idée intéressante», a-t-il ajouté.

Le débat sur la création d'obligations européennes a été relancé lundi par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, de concert avec le ministre italien des Finances Giulio Tremonti.

L'idée serait de confier à une Agence européenne de la dette le soin d'émettre des emprunts européens communs aux pays de l'UE pour financer leur dette. Cela permettrait à leurs yeux de mutualiser les risques, de protéger les pays les plus fragiles de la zone euro des attaques spéculatives et de stabiliser la monnaie unique.

Le Premier ministre grec a apporté son soutien à cette initiative, qui devait être discutée dans la soirée lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

«Je pense que nous devons discuter sérieusement de cette idée, cela pourrait être un élément important pour une gouvernance économique plus étendue et plus solide» en Europe, a-t-il dit à Bruxelles.

Le sujet suscite toutefois l'opposition de l'Allemagne qui refuse de payer pour les autres pays et y voit un encouragement aux mauvais élèves de la zone euro, qui s'abriteraient ainsi sous le parapluie des états menant des politiques rigoureuses.

Cet avis est partagé par l'Autriche. Son ministre des Finances Josef Pröll a dit avoir une opinion «très, très critique» sur cette question. «Il n'est pas acceptable que des pays comme l'Autriche qui font preuve de discipline sur le plan économique se retrouvent à devoir payer une part supplémentaire à l'arrivée», a-t-il lancé.

Son homologue espagnole Elena Salgado a parlé elle d'une «possibilité à explorer mais pas dans l'immédiat».

Les ministres de la zone euro débattent aussi d'une possible augmentation des capacités du Fonds de soutien aux pays de la zone euro en difficulté, mis en place au printemps. M. Rehn a indiqué que «ce serait l'une des questions discutées à la réunion de l'Eurogroupe».

Le Fonds, dans lequel l'Irlande doit puiser pour les prêts de 85 milliards d'euros qui lui ont été promis, est doté de 440 milliards d'euros au total venant de la zone euro. A cette somme s'ajoute 250 milliards de prêts du FMI et 60 milliards d'euros de prêts de l'UE, soit 750 milliards d'euros au total.

Là encore, l'Allemagne a estimé lundi que la question d'une augmentation de cette enveloppe ne se posait pas. Mme Salgado a aussi jugé que le sujet «n'est pas à l'ordre du jour», et son collègue autrichien a estimé qu'il n'était «pas nécessaire» d'en parler, tout comme le ministre néerlandais Jan Kees de Jager qui a jugé l'idée «un peu prématurée».