Le Premier ministre irlandais Brian Cowen, cible d'une fronde grandissante jusqu'au sein de sa coalition, tentait mardi de convaincre ses opposants de mettre de côté les divergences pour approuver une austérité draconienne, préalable au plan de sauvegarde international de l'île.

Sévèrement déstabilisé par l'implosion de sa coalition au pouvoir, le Premier ministre devait faire face dans l'après-midi à des questions au Parlement qui s'annoncent houleuses. De plus, une nouvelle motion de défiance a été déposée par le petit parti nationaliste Sinn Féin, qui ne compte que quatre députés.

Le chef du gouvernement a annoncé lundi soir qu'il acceptait de convoquer des élections anticipées, comme l'exigeaient les Verts, partenaires clefs du gouvernement. Mais il ne le fera qu'après l'adoption du budget pour 2011 et d'un nouveau plan de rigueur quadriennal, en début d'année prochaine.

Ces deux exercices très délicats conditionnent la mise en place d'un vaste plan d'aide internationale, que l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) continuent à finaliser.

Le plan de rigueur sur quatre ans était présenté pour approbation mardi matin au conseil des ministres avant d'être rendu public mercredi. Le budget doit quant à lui être présenté le 7 décembre mais seules des mesures secondaires seront soumises au vote à ce moment-là, l'adoption définitive ne devant avoir lieu qu'en janvier au mieux. Les élections pourraient avoir lieu en février ou mars.

Le vote du budget et du plan de rigueur quadriennal est «essentiel», a averti mardi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, sur la radio RTE. Le plan d'austérité irlandais vise à ramener le déficit public de l'île à 3% du PIB contre un record de 32% cette année. Son adoption doit intervenir «le plus vite possible car chaque jour qui passe accroît les incertitudes», a-t-il ajouté, dans une allusion à la baisse des marchés et de l'euro, mardi.

«C'est l'avenir de notre monnaie unique qui est en jeu», a assuré de son côté le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

Brian Cowen appelle à un sursaut national dans l'espoir de resserrer les rangs au sein de sa coalition. Deux députés indépendants cruciaux pour la majorité gouvernementale ont d'ores et déjà annoncé leur retrait, tandis que plusieurs membres de son propre parti, le Fianna Fail, ont demandé sa démission. Une réunion parlementaire de la formation, mardi soir, devrait débattre de la possibilité d'une motion de défiance à l'égard de Brian Cowen. «Les rats quittent le navire», a interprété l'Irish Daily Mail.

Au plus bas dans les sondages, M. Cowen aura fort à faire pour convaincre l'opposition de voter la rigueur. Un porte-parole du Fine Gael, principal parti d'opposition, a réitéré mardi un appel à la démission immédiate du gouvernement. «À quoi bon préparer un plan quadriennal alors qu'ils ne vont pas être là pour le mettre en oeuvre», a souligné James Reilly.

L'opposition est encouragée par l'impopularité record du gouvernement et par le vif mécontentement de la population. Les électeurs dénoncent «l'humiliation» que représente, selon eux, l'appel à l'aide extérieure pour régler les problèmes de l'île, tout comme la sévérité des mesures de rigueur attendues.

De nombreux efforts ont déjà été demandés aux quelque 4,3 millions d'Irlandais. Après une baisse des allocations chômage et familiales, ainsi que d'importantes suppressions d'emplois publics, le nouveau plan de rigueur veut aller encore plus loin, en réduisant le salaire minimum. Cette mesure suit une recommandation du FMI, inscrite dans une note publiée lundi sur leur site.