Le département du Trésor américain a annoncé vendredi avoir décidé de reporter à la mi-novembre au plus tôt la publication de son rapport semestriel sur les taux de changes, dont Pékin craint qu'il ne l'accuse de manipuler les cours de sa monnaie, le yuan.

«Les chefs d'État et de gouvernement, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 et de la région Asie-Pacifique participeront à d'importantes réunions dans les semaines qui viennent», a indiqué le Trésor dans un communiqué.

En conséquence, le Trésor «va retarder la publication du rapport sur les politiques économiques et les taux de changes afin de profiter des occasions offertes par ces rencontres importantes».

Les dirigeants des pays riches et émergents du G20 doivent se réunir les 11 et 12 novembre à Séoul. Avant cela, leurs ministres des Finances doivent se retrouver les 22 et 23 octobre à Gyeongju, ville méridionale de Corée du Sud.

Le Fonds monétaire international (FMI) a par ailleurs annoncé vendredi qu'une réunion internationale de banquiers centraux aurait lieu lundi à Shanghaï dans le cadre des efforts destinés à assurer la stabilité du système financer mondial.

Le rapport semestriel du Trésor américain porte sur les pratiques monétaires des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Si un pays y est désigné comme manipulant les taux de change de sa monnaie, il s'expose à des sanctions américaines.

Or les États-unis accusent régulièrement la Chine de maintenir artificiellement sa monnaie à un niveau bas pour faciliter ses exportations.

Le mois dernier encore, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a accusé Pékin d'intervenir «très massivement, afin de limiter les pressions à la hausse des forces du marché sur sa monnaie».

Mais vendredi, le Trésor s'est montré plutôt rassurant pour Pékin, reconnaissant «les mesures prises par la Chine depuis début septembre pour accélérer le rythme de l'appréciation de sa monnaie». Il a jugé cependant «important de maintenir ce rythme».

Selon le ministère, la monnaie chinoise s'est appréciée d'environ 3% face au dollar, depuis le 19 juin, date à laquelle la Chine a annoncé qu'elle laissait sa monnaie fluctuer un peu plus librement face au billet vert.

«Depuis le 2 septembre, le rythme de l'appréciation s'est accéléré», ajoute le Trésor, «si cela continue, cela aidera à corriger» la nette sous-évaluation du yuan mise en évidence par le FMI.

Alors que le Congrès travaille sur un projet de loi de sanctions contre le politique de change chinoise, la décision du ministère de reporter son enquête sur les changes a provoqué des réactions indignées dans l'opposition comme dans la majorité.

«Cela souligne que le gouvernement n'a aucunement la volonté de durcir le ton contre la politique de changes injuste de la Chine», a estimé le député démocrate Mike Michaud.

Elue républicaine du Sénat, Olympia Snowe a regretté pour sa part que le gouvernement ait «manqué systématiquement toutes les occasions de faire rendre des comptes à la Chine quand celle-ci viole ses engagements internationaux en manipulant sa monnaie».

Dans un geste d'apaisement à destination de Pékin, Washington avait déjà reporté son précédent rapport sur les taux de change. Prévu pour le 15 avril, celui-ci n'avait été publié que le 8 juillet. Entre-temps, Pékin s'était engagé à laisser sa monnaie s'apprécier davantage.